La question d'ouvrir ou pas le secteur de l'audiovisuel en Algérie ne se pose plus. Il s'agit aujourd'hui de savoir comment aller vers l'ouverture et dans quel but ? C'est pour essayer de répondre à ces deux questions que le ministère de la Communication a organisé hier, un séminaire sur l'audiovisuel à la résidence El-Mithaq en présence d'experts algériens et étrangers. L'état des lieux du secteur de l'audiovisuel en Algérie, la régulation, ainsi que l'expérience des conseils supérieurs de l'audiovisuel en France et en Belgique, sont les principaux thèmes de cette rencontre de deux jours. Les participants se pencheront, à cette occasion, sur les questions liées à la régulation de l'audiovisuel, la transition de l'audiovisuel étatique à un audiovisuel de service public, ainsi que les expériences de certains pays en matière d'ouverture médiatique. Intervenant à l'ouverture, le ministre de la Communication, M. Mohamed Saïd a souligné que cette rencontre permettra «de bénéficier des expériences et des idées des pays participants qui seront débattues afin de définir les méthodes et les exigences liées à la demande croissante sur la retransmission satellite». Il a ajouté dans ce sens, que ces expériences sont à même de renforcer la liberté d'expression et la liberté de la presse avec tous ses supports et de promouvoir la diversité intellectuelle et le pluralisme politique. Durant la séance de la matinée, plusieurs intervenants ont présenté les expériences des ouvertures de l'audiovisuel dans leur pays. Il y a lieu de citer notamment, l'intervention de M. Hervé Bourges, membre de l'observatoire de la diversité du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), ex-P-dg de RFI, TF1 et de France Télévisions. Hervé Bourges qui a présenté l'expérience du CSA français dans le domaine de la régulation de l'audiovisuel, a expliqué tout d'abord la signification de la régulation «qui n'est pas réglementation. C'est plutôt l'accompagnement indispensable de la libération de certains secteurs essentiels de la vie économique et culturelle». Pour Hervé Bourges, la régulation doit passer par la création d'instances indépendantes chargées d'appliquer les dispositions prévues par la loi. Il a insisté sur le fait que l'indépendance des instances doit être rigoureusement garanties «la création d'une instance de régulation est le moyen de couper le cordon ombilical entre les médias et les Etats». Evoquant l'expérience Belge, M. Marc Janssen, l'ex-président du CSA belge, a indiqué pour sa part, que la régulation dans le secteur audiovisuel qui est récente en Europe doit reposer sur trois points essentiels à savoir l'indépendance des médias, la liberté d'expression et la dépénalisation du délit de presse. Belkacem Moustfaoui, directeur adjoint de l'Ecole supérieure de journalisme en Algérie, a longuement évoqué l'ouverture des années 90. Une ouverture qui a permis «à une centaine de journaux privés de voir le jour mais à aucune radio, ni télévision privées. Pour l'audiovisuel c'était plutôt la fermeture (…) Il faut absolument qu'une télévision nationale de droits publics voit le jour et elle ne peut se construire qu'en tenant compte des velléités des télévisions privées». Dans l'après-midi du premier jour de ce séminaire, Badr Eddine Milli, un ancien cadre du ministère de la Communication, a présenté la genèse de la problématique d'ouverture. Une lecture du début de l'expérience marocaine dans la réforme de la communication audiovisuelle a été ensuite présentée par le directeur du CSA marocain, M. Abdeljallil El Hammoumi. Les défis de la radio, les TIC et le développement de l'audiovisuel ou encore la réforme de l'entreprise audiovisuelle, des thèmes de conférences qui ont été exposés dans la journée d'hier. Aujourd'hui, les travaux de trois ateliers (le droit de l'audiovisuel et la régulation- les technologies de l'audiovisuel- l'industrie des programmes et la programmation audiovisuelle) se poursuivent et ils seront sanctionnés en fin de journée par la lecture des recommandations.