Le gouvernement algérien plaide pour une approche “sérieuse, consciente et rigoureuse" pour l'ouverture du secteur de l'audiovisuel, a indiqué hier à Alger, le ministre de la Communication, Belaïd Mohand Oussaïd. Dans une allocution à l'ouverture du séminaire international sur l'audiovisuel, le ministre a estimé “qu'une erreur dans ce domaine coûterait cher et dont le traitement n'est parfois pas facile". “Il est dans l'intérêt de l'Algérie d'ouvrir le secteur de façon graduelle pour les chaînes privées (...)", a-t-il dit. “Le gouvernement est décidé à ouvrir le secteur de l'audiovisuel, mais de façon réaliste et graduelle. Il est également décidé à exploiter la diffusion satellitaire pour enraciner la liberté et la démocratie et les valeurs morales et la protection de l'identité et de l'unité nationale ainsi que le renforcement de la diversité culturelle et linguistique", a-t-il dit. Pour le ministre, l'ouverture de l'audiovisuel au privé en tant que service public doit être graduel dans l'exécution, selon des normes professionnelles et morales définies de nature à encourager l'émergence de médias de qualité qui croient à la responsabilité. Pour le ministre, le problème qui se pose ne se décline pas entre partisans de l'ouverture de l'audiovisuel et ceux qui prônent le monopole, mais dans la manière d'ouvrir et pour quels objectifs. Dans ce cadre, le ministre a plaidé pour une régulation du secteur, à travers une autorité indépendante, dans le respect des valeurs des droits de l'Homme, de la culture de la tolérance et la promotion du dialogue et de la citoyenneté. De son côté, Belkacem Mostefaoui, professeur à l'Ecole supérieure de journalisme, dans une communication intitulée “l'Etat de l'audiovisuel en Algérie, éléments d'analyse critique" a plaidé pour “une télévision nationale de droit public". “Il y a des règles de jeu que nous avons à mettre dans la transparence", a-t-il dit. “Il faut une réflexion féconde pour que chaque opérateur dise ce qu'il a à proposer", a-t-il précisé. Par ailleurs, M. Mostefaoui a estimé nécessaire “d'algérianiser" les télévisions. “Il faut absolument qu'à travers la radio et la télé, tamazight se développe". Grande autorité médiatique et ami de l'Algérie, Hervés Bourges a souligné, pour sa part, qu'une autorité de régulation est impérative pour l'ouverture de l'audiovisuel. “Je n'ai pas de leçons à donner, mais on n'ouvre pas les vannes sans garde-fous." Cependant, il a indiqué qu'“il ne faut pas asservir l'instance de régulation" et estimé que les journalistes sont appelés à respecter cette instance. Quant à Marc Janssen, ex-président du CSA belge, il a évoqué l'expérience de son pays dans le domaine de l'audiovisuel. Le séminaire qui dure deux jours regroupe de nombreux experts d'Algérie, de France, du Maroc, de Belgique. L'état des lieux du secteur de l'audiovisuel en Algérie, la régulation, ainsi que l'expérience des conseils supérieurs de l'audiovisuel en France et en Belgique, sont les principaux thèmes de cette rencontre de deux jours. K. K.