Le passage du chantre de la poésie populaire algéroise Yacine Ouabed aura été le clou de la soirée poétique, organisée mardi soir à la bibliothèque nationale à Rabat, tant il a subjugué son auditoire par la déclamation de ses vers d'une voix rauque, une gestuelle théâtrale et une profondeur de sens. "Pour moi une £uvre poétique se déclame. Elle ne se lit pas surtout lorsque l'on est l'auteur", a-t-il déclaré mercredi à l'APS au lendemain de son récital organisé à l'occasion de la tenue des journées culturelles algériennes au Maroc (01- 07 décembre). Sans aucune feuille de papier et dans une concentration extrême, le parolier de plusieurs chanteurs chaabi avait, en effet, récité, la veille, une partie de son répertoire, dans un silence assourdissant mais ponctué de longs applaudissements et de bravos à la fin de chaque poème. "Mon seul support, c'est ma mémoire et c'est ma manière à moi de la préserver", a-t-il tenu à souligner en précisant que ce qu'il met en vers représente modestement "des observations au quotidien de la vie des gens, de leur comportement et de l'évolution de la société en général". A une question sur son amour pour la poésie populaire, l'auteur des chansons "Addounia Ya Khsara", "El Haq Wa Asoum Haq", "Ya Liyame Saafini Halti", "Echamâa", "Eshams Wa Eshasara", poèmes populaires qu'il a déclamés lors de cette soirée a indiqué qu'il était né dans "un environnement où la poésie populaire avait une place prépondérante". "L'artiste est l'enfant d'un environnement et le mien est poétique", a-t-il affirmé avant de faire savoir que sa défunte mère s'adressait à ses enfants avec des métaphores. "Dans ses bénédictions et dans ses colères ma défunte mère s'adressait à nous avec des métaphores et des sous-entendus usant du vers poétique dans chaque situation", a-t-il dit. Quant à la réaction positive de l'assistance devant sa prestation, il a signalé qu'il aurait voulu faire plus en lui accordant plus de temps qu'il ne lui en était imparti. "J'aurais voulu que le public entende et connaisse mes poèmes sur l'amour, la solidarité, la cupidité des gens, la nature et bien d'autres sujets qui concernent la société qu'elle soit algérienne ou autre", a-t-il dit. Enfin, s'agissant de ses projets, Yacine Ouabed a indiqué qu'il envisageait de monter une opérette poétique chaabi à l'occasion du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie et de faire une tournée nationale pour déclamer ses poèmes. Yacine Ouabed avait été précédé dans son récital des poètes, l'Algérienne Zineb Laoudj, des Marocains Aicha Basri et Ahmed Lamsiyakh (populaire) qui ont lu, à cette occasion, des vers de leurs £uvres réciproques. Pour rappel, Ouabed a écrit les paroles des chansons de plusieurs grands chanteurs chaabi tels que le défunt Kamel Messaoudi, Abdelmadjid Meskoud, Nacereddine Galliz, Réda Sikka, Didine Karroum et tant d'autres. Les journées culturelles algériennes se déroulent dans trois villes en l'occurrence Rabat, Casablanca et Marrakech. Un riche programme d'activités artistiques, cinématographiques, théâtrales, musicales et littéraires a été retenu pour la réussite de cette manifestation culturelle qui prendra fin vendredi prochain par une prestation de l'ensemble algérien de musique andalouse. Ces journées sont parrainées par les ministères des deux pays. Elles sont organisées par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel en partenariat avec les institutions culturelles marocaines d'accueil.