Le nouveau projet de Constitution en Egypte a recueilli l'approbation d'une majorité confortable des votants lors d'un référendum organisé en deux phases, indiquent les résultats partiels annoncés dimanche de ce scrutin controversé qui continue de diviser le pays à la recherche de la stabilité politique. Les résultats officiels sont attendus lundi. Mais les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi et les médias d'Etat ont rapporté que 64% des votants avaient approuvé la Constitution sur les deux phases les 15 et 22 décembre. Selon des données annoncées par les Frères musulmans, 71,4% des votants qui se sont rendus aux urnes samedi ont approuvé la Constitution, tandis que 56,5% des votants l'ont soutenue lors de la première phase du 15 décembre contre 43% ayant voté contre. Le scrutin de samedi a concerné 17 gouvernorats, notamment les villes du canal de Suez (Port-Saïd, Ismaïlia, Suez), la cité touristique de Louxor (sud) ou encore Guizeh, qui englobe la périphérie ouest du Caire. Quant au taux de participation, il a été estimé dans les deux phases respectivement à 32% et 30%. Les résultats officieux sont basés sur les chiffres fournis par des responsables de bureaux de vote. Les résultats définitifs du scrutin doivent être annoncés lundi, selon le président de la haute commission chargée de superviser le référendum, Ahmed Aboul-Maaty, et le quotidien gouvernemental Al-Ahram. Le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la branche politique des Frères musulmans, s'est félicité dans un communiqué de la victoire du oui, affirmant que le peuple égyptien continuait "sa marche vers la finalisation de la construction d'un Etat démocratique moderne, après avoir tourné la page de l'oppression". Le président du PLJ, Saad el-Katatni, a appelé sur son compte Twitter "les partis politiques et les forces nationales" à travailler ensemble "pour construire l'avenir du pays", et ouvrir "une page nouvelle". Mais l'opposition a dénoncé des irrégularités lors du déroulement du scrutin, faisant état de fraudes. Le Front du salut national (FSN), la principale coalition de l'opposition, a affirmé dans un rapport que lors du référendum, des citoyens ont reçu des consignes de vote avant de rentrer dans l'isoloir. Le FSN a également fait état d'urnes non scellées, de blocage et de l'absence du contrôle juridique dans certains bureaux de vote. Des juges avaient annoncé lundi dernier leur décision de boycotter le seconde phase du scrutin. La nouvelle Constitution si elle est approuvée, doit entrer en vigueur cette semaine. Elle accordera le pouvoir législatif au Sénat jusqu'à l'élection d'un nouveau parlement après la dissolution de l'assemblée en juin. Les opposants à ce projet de constitution dénoncent un texte "restrictif et répressif qui ne respecte pas la diversité de l'Egypte", notamment en ce qui concerne la liberté d'expression et les droits des enfants et de la femme. Ils soutiennent mordicus que ce projet controversé ne limite pas les pouvoirs du président de la République, ce qui va mener à "une nouvelle dictature". En revanche, les défenseurs du texte affirment qu'il est indispensable pour poursuivre la transition vers la démocratie, en dotant le pays d'un cadre institutionnel stable. Les querelles autour de la Constitution ont entraîne ces derniers jours des émeutes entre opposants et partisans du projet, notamment à Alexandrie où des affrontements avaient éclaté vendredi faisant plusieurs blessés. Alors que la tension reste vive, le vice-président égyptien Mahmoud Mekki a démissionné samedi de son poste, au moment même du déroulement de la seconde phase du référendum. Une démission qui ne fait que renforcer, selon des observateurs, le doute sur la crédibilité du scrutin soulevé par l'opposition, d'autant plus que le nouveau procureur général égyptien, Talaat Ibrahim Abdallah, dont la nomination il y a moins d'un mois par le président Morsi était contestée notamment au sein de la magistrature, avait lui aussi présenté sa démission le 17 décembre. A la démission du vice-président s'ajoute probablement celle du gouverneur de la Banque centrale d'Egypte qui a été annoncée par la télévision d'Etat égyptienne, mais qui a été démentie par le gouvernement.