Les Syriens ayant fui les violences dans leur pays vivent un double calvaire en raison des pluies diluviennes et des chutes de neige, enregistrées depuis plusieurs jours, dans les pays limitrophes dont le Liban et la Jordanie, aggravant la situation humanitaire dans les camps de réfugiés. En Jordanie, le camp de Zaatari, qui accueille 62.000 personnes, n'était plus qu'un champ de boue après des jours de pluies diluviennes. Des centaines de tentes y ont été détruites et "la situation est devenue absolument intolérable", selon le réfugié Youssef Harir. Alarmé par cette situation, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a lancé jeudi un appel aux dons en urgence afin de venir en aide aux Syriens réfugiés dans le camp de Zaatari, dont la situation est déjà précaire. "Les ressources collectées en 2012 sont épuisées et nous n'avons reçu aucune nouvelle aide jusqu'à présent. Nous exhortons la communauté internationale et les donateurs en général à verser de nouveaux fonds aussi vite que possible", a déclaré Dominique Hype, représentante de l'Unicef pour la Jordanie. "Les prochaines 72 heures seront un test critique de notre capacité à satisfaire les besoins de base des enfants et de leurs familles à Zaatari", a-t-elle dit, ajoutant que le gouvernement jordanien et d'autres partenaires "font tout leur possible pour assurer que tous les services soient maintenus et que les enfants restent au chaud et au sec". Selon l'Unicef, "la dégradation de la situation à Zaatari intervient alors que le flux de réfugiés ne tarit pas. Depuis début janvier, près de 10.000 Syriens sont arrivés en Jordanie". Pour sa part, Ali Bibi, chargé de la coopération et des relations internationales au HCR, l'agence de l'ONU pour les réfugiés, a indiqué que le mauvais temps et la pluie, ces deux derniers jours, "ont détruit 500 tentes au camp de Zaatari"."Nous organisons avec le gouvernement jordanien le transfert de centaines de réfugiés vers des caravanes", a-t-il ajouté. La Jordanie, qui dit accueillir plus de 290.000 Syriens sur son sol, connaît des hivers rigoureux, et traverse un important épisode orageux régional, qui se traduit par d'importantes précipitations. Comme dans plusieurs pays du Moyen-Orient, le Liban, voisin de la Syrie, est lui aussi affecté par les intempéries exceptionnelles qui frappent depuis quatre jours la région. Cécile Fradot, chargée des relations extérieures du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU au Liban, a indiqué que ses services étaient "en état d'alerte", les secours se concentrant sur la vallée de la Bekaa où il a neigé. "Les gens ont vraiment besoin d'assistance. Aujourd'hui, dans le nord, nous déplaçons les familles dont les abris ont été inondés", a-t-elle déploré. La situation des réfugiés syriens installés Liban est encore plus difficile, en raison d'une grève des salariés de la compagnie d'électricité. "Il y a une tempête, et un problème sur le réseau. Les salariés de l'électricité sont en grève et ne laissent personne réparer les pannes", a déclaré le ministre libanais de l'Energie et de l'Eau, Gebran Bassil. Les Syriens, déplacés à l'intérieur du pays, et qui souffrent, depuis 21 mois, des affres de la guerre, sont également affectés par le mauvais temps : les villes de Damas et de Homs sont sous le neige ce qui rend encore plus difficiles les conditions de vie de la population. En plus des pénuries de mazout, les habitants affrontent un froid glacial, alors qu'ils sont privés d'électricité plusieurs heures par jour, quand celle-ci n'est pas tout simplement coupée, ce qui est le cas dans les quartiers aux mains des rebelles. En dépit, des intempéries, les bombardements et les combats entre soldats et rebelles qui déchirent le pays depuis mars 2011, se poursuivent sans relâche. Selon les chiffres de l'ONU, plus de 600.000 Syriens ont fui le conflit qui secoue leur pays pour se réfugier dans les pays frontaliers comme le Liban ou la Turquie. Celle-ci accueille désormais plus de 153.000 réfugiés syriens installés dans plusieurs camps. Face à cet afflux massif des réfugiés, la Turquie, qui partage près de 900 km de frontière avec la Syrie, a demandé à plusieurs reprises une intervention de la communauté internationale, notamment les Nations Unies, pour partager et alléger ce fardeau. En plus de la Turquie, environ 200.000 réfugiés syriens sont enregistrés au Liban, 69.300 en Egypte, 69.000 en Irak, et plus de 5.000 en Afrique du nord, d'après les estimations du Haut-commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). L'ONU s'attend à ce que le nombre de réfugiés syriens atteigne 1,1 million d'ici juin prochain si la crise se poursuit. La question des réfugiés syriens sera, par ailleurs, au centre d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, prévue dimanche prochain au Caire, à la demande du Liban. Selon le secrétaire général adjoint de la Ligue, Ahmed Ben Helli, la réunion "doit porter sur les moyens d'aider le Liban à accueillir les Syriens fuyant le conflit dans leur pays".