Les habitants de la région de Gao, dans le nord du Mali, sont désormais "dans la survie" en raison de cas de "malnutrition aigue", les voies d'approvisionnement étant presque toutes coupées en raison de l'insécurité dans la région, a déploré vendredi l'ONG française Action contre la faim (ACF). "Il y a clairement des cas de malnutrition aigue" qui touchent notamment plus de 15% des enfants de moins de 15 ans (environ 20.000 enfants), dans cette région déjà déficitaire d'un point de vue agricole en temps normal, a déclaré l'ONG, craignant une nouvelle dégradation. "La plupart des entreprises se sont effondrées, les approvisionnements sont coupés depuis 15 jours, et les grands commerçants ont quitté la ville avec leurs stocks", a énuméré Mme Grosjean. La seule voie d'approvisionnement toujours utilisable, "c'est le Niger, mais avec les bombardements, très peu de commerçants font la route. Ce qu'on craint, c'est que lorsqu'il y aura une intervention terrestre, tout soit coupé", a-t-elle ajouté. "Les plus riches" des habitants de Gao "ont fait des stocks", mais pour la majorité de la population, "c'est de la survie", selon Mme Grosjean. Déjà, 64% de la population malienne vit sous le seuil de pauvreté, classant le pays à la 175e place sur 182 de l'indice de développement. Auparavant, l'ONG espagnole Intervida, citée vendredi par l'agence italienne Fides, a averti que le conflit armé actuellement en cours au Mali a également aggravé l'état du système éducatif déjà précaire dans le pays. "Pour faire face à cette situation d'urgence, l'ONG espagnole Intervida s'occupe de l'instruction de 738 enfants évacués et de l'assistance de 20.000 mineurs victimes de la pauvreté", selon l'agence. L'insécurité et la violence font courir de "graves dangers", en particulier à l'enfance, a constaté la même source, relevant que "près de 300.000 jeunes n'ont pu retrouver le chemin de l'école depuis le début du conflit et que 80% des mineurs réfugiés en âge scolaire ne fréquentent pas les écoles". Citant les dernières estimations du Haut Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR), l'agence a fait savoir que la crise ayant explosé dans le nord du Mali au début de l'année a donné lieu à l'évacuation de 200.000 personnes en direction de Mopti, Ségou et Bamako, alors que 145.000 autres ont trouvé refuge dans les Etats limitrophes. Cette situation déplorable risque de perdurer encore longtemps, sinon s'aggraver du fait des incertitudes quant à la restauration rapide de toute la souveraineté du Mali sur son territoire notamment dans le nord où vivent dans la précarité et l'insécurité, deux millions de personnes.