Les Nations unies ont estimé que la situation qui prévaut actuellement en Syrie ne permettait pas le déploiement d'une force de maintien de la paix en raison des violences qui se poursuivent, alors que Russes et Américains veulent surmonter leurs divergences en vue de parvenir à une solution au conflit dans ce pays. Le secrétaire général adjoint des Nations unies, chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, a estimé mercredi que la situation actuelle en Syrie "ne permet pas le déploiement d'une force de maintien de la paix, en raison des violences" dans ce pays. M. Ladsous a souligné la nécessité d'"étudier tout scénario possible, où nous pourrions être appelés à aider à instaurer la stabilité dans le pays et encourager le processus politique". Selon le responsable onusien, l'aspect sécuritaire sera déterminant pour l'envoi d'une telle force. Mais la situation ne cesse d'empirer et les combats continuent d'opposer rebelles aux forces régulières à travers le pays. La veille, au moins 69 personnes ont été tuées dont 30 civils. A Palmyre (nord-est de Damas), 19 membres des services syriens du renseignement "moukhabarat" ont péri dans une double attaque à la voiture piégée contre deux sièges de ces services. L'armée régulière, qui tente depuis plusieurs mois d'en finir avec la rébellion, a, selon une source de sécurité dans la capitale, "lancé une offensive totale et coordonnée sur toute la banlieue de Damas". La situation actuelle en Syrie a été qualifiée de "mauvaise" par le représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, qui a toutefois souligné qu'il poursuivra sa mission "en dépit des difficultés" auxquelles il est confronté. L'émissaire international, qui avait estimé récemment que les Syriens ne pourraient régler à eux seuls le conflit, sans l'intervention de la communauté internationale, a salué cependant la proposition de dialogue avec le régime syrien proposée par le chef de la Coalition nationale syrienne Ahmed Moaz al-Khatib. Selon M. Brahimi, "c'est un élément positif qui a été jugé comme tel par la communauté internationale, les pays occidentaux aussi bien que la Russie et l'Iran", mais "ce n'est pas suffisant pour qu'il y ait un processus de mise en œuvre d'un projet de solution politique". Le médiateur a également évoqué la perspective pour la Syrie de passer d'un régime présidentiel à un régime parlementaire pour "lever l'ambiguïté" sur l'avenir du président Bachar al-Assad. Le sort du président syrien est une des questions sur lesquelles divergent les Etats-Unis et la Russie. Washington s'est prononcé pour un processus politique qui n'inclut pas Bachar Al-Assad, alors que Moscou estime que l'intransigeance de l'opposition syrienne sur la nécessité du départ du président Al-Assad ne fait qu'aggraver la situation et ne permet pas de résoudre le conflit. Malgré ce désaccord de fond, les deux pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont affiché leur disponibilité à surmener leurs divergences pour parvenir à une solution à la crise syrienne. Selon la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se sont engagés à surmonter "les divergences qui persistent entre la Russie et les Etats-Unis, ainsi qu'entre la Russie et d'autres membres de la communauté internationale, sur la façon de soutenir les réformes politiques en Syrie". Les deux hommes, a-t-elle dit, "sont prêts à préserver le format des rencontres entre Mikhaïl Bogdanov (vice-ministre russe des Affaires étrangères),William Burns (sous-secrétaire d'Etat US) et Lakhdar Brahimi en vue de soutenir les efforts déployés par ce dernier, ainsi que par M. Khatib, en vue de mener à bien la stratégie de transition politique en Syrie". Près de deux ans après le déclenchement du conflit en Syrie, la population syrienne continue de subir les affres de la guerre. Outre les victimes tuées dans les violences, près de quatre autres millions de personnes ont besoin d'assistance humanitaire, dont deux millions de déplacés privés de services de base. Le bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a mis en garde contre cette situation, tout en déplorant le manque d'accès aux personnes qui ont besoin d'une aide humanitaire.