Désaccord - Les Occidentaux et la Russie ont, une nouvelle fois, étalé leurs divergences hier, mercredi, sur la crise en Syrie. Après le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé que la Syrie se trouvait en situation de «guerre civile». Mais le régime de Bachar al-Assad comme un groupe de l'opposition ont réfuté cette description. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié du pouvoir syrien, a accusé les Etats-Unis de livrer des armes à des «pays de la région», lors d'une visite en Iran. «Nous ne livrons ni en Syrie, ni ailleurs de choses qui soient utilisées dans la lutte contre des manifestants pacifiques, contrairement aux Etats-Unis eux-mêmes qui livrent régulièrement dans des pays de la région de tels équipements spéciaux», a déclaré M. Lavrov. Le ministre russe réagissait aux propos de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, qui avait exprimé mardi l'inquiétude des Etats-Unis sur «l'envoi d'hélicoptères d'attaque vers la Syrie depuis la Russie, ce qui va provoquer une intensification assez dramatique du conflit». Mme Clinton est revenue à la charge hier en appelant Moscou à cesser de livrer des armes à Damas, avertissant que la «spirale»de la violence entraînait la Syrie tout droit vers la «guerre civile». Occidentaux et Russes conviennent de la nécessité d'appliquer le plan de l'émissaire international Kofi Annan, qui prévoit un cessez-le-feu et un dialogue national mais est resté lettre morte. Moscou rejette toute ingérence et tout changement de régime imposé en Syrie alors que l'Occident réclame le départ de M. Assad et décide de sanctions. A Paris, M. Fabius a, lui aussi, demandé l'arrêt «total» des exportations d'armes à Damas. Il a annoncé que son pays allait proposer au Conseil de sécurité de l'ONU de rendre «obligatoires» les dispositions du plan Annan, en ayant «recours au chapitre 7», qui ouvre la porte à des sanctions et même à l'usage de la force. La Russie et la Chine se sont jusqu'à présent opposées à toute action contre le régime syrien à l'ONU. M. Fabius a en outre estimé que la Syrie se trouvait en situation de «guerre civile» en faisant valoir : «Des groupes appartenant à un même peuple se déchirent et s'entre tuent». Mais les Affaires étrangères syriennes ont affirmé que l'armée luttait simplement contre le terrorisme et un groupe de l'opposition syrienne, la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), a lui aussi réfuté la qualification de «guerre civile» en estimant qu'elle mettait «sur un pied d'égalité la victime et le bourreau».