Le mouvement islamique Ennahda qui dirige la troïka au pouvoir a rejeté jeudi la décision de former un gouvernement technocrate annoncée mercredi par le chef du gouvernement tunisien provisoire, M. Hamadi Jebali. Dans une déclaration à la radio, M. Abdelhamid Jelassi, membre dirigeant du mouvement Ennahda, a affirmé que son parti désapprouvait la décision de former un gouvernement de "compétences" nationales pour diriger les affaires du pays en attendant les prochaines échéances électorales. Selon le responsable, le pays a besoin d'un gouvernement politique de coalition sur la base des élections du 23 octobre 2011 qui ont mené à la formation de la troïka au pouvoir (Ettakattol, Ennahda et le Congrès). M. Hamadi Jebali avait annoncé mercredi soir la décision de former un "gouvernement restreint de compétences nationales" n'appartenant à aucun parti politique pour assurer la direction des affaires de l'Etat jusqu'à l'organisation d'élections. Le gouvernement de technocrates, qu'il propose, touchera tous les ministères, y compris ceux de souveraineté, et devra respecter le principe de la neutralité et oeuvrer pour sortir le pays de cette situation "exceptionnelle". Le chef du gouvernement provisoire a souligné que les membres de ce gouvernement, y compris son chef, ne se présenteront pas aux prochaines élections. M. Jebali a appelé l'Assemblée constituante, les partis et les organisations nationales à "plébisciter" et à "soutenir" ce gouvernement afin qu'il puisse réaliser les programmes de développement, lutter contre la cherté de la vie, garantir la sécurité et promouvoir l'emploi. Pour sa part, M. Issam Chebbi, membre dirigeant du parti républicain, a estimé que la décision de former un gouvernement de technocrates constitue un "pas positif, appelant à davantage de concertations avec les dirigeants des partis politiques pour parvenir à un consensus sur cette nouvelle composition. Par contre, le représentant du parti "républicain" a appelé le chef du gouvernement à présenter sa démission du poste de secrétaire général du mouvement Ennahda "afin qu'il puisse diriger le gouvernement des compétences", selon lui. Le parti "Ettakattol", partenaire de la Troïka, a qualifié la formation d'un gouvernement technocrate de décision "audacieuse et nécessaire en ce temps de crise que connaît la Tunisie", ce qui "impose" à toutes les parties influentes de soutenir cette décision pour sortir de la crise. Le "Congrès", également membre de l'alliance au pouvoir, a, quant à lui, souligné la nécessité de recourir "aux instances constitutionnelles pour former un nouveau gouvernement et de respecter la loi régissant les pouvoirs publics". Le blocage des concertations sur le remaniement ministériel en raison de différends autour des portefeuilles ministériels de souveraineté, a plongé la Tunisie dans une grave impasse politique. De longues concertations ont eu lieu entre la coalition gouvernementale et les partis de l'opposition pour parvenir à un accord sur un nouveau remaniement ministériel, élargir la coalition au pouvoir et consacrer l'entente nationale, en vue de faire aboutir le processus de transition, d'organiser les élections présidentielles et législatives et asseoir les fondements du pouvoir. Face à cette situation, le chef du gouvernement provisoire, M. Hamadi Jebali, n'a pas écarté la possibilité de présenter une nouvelle composante du gouvernement à l'Assemblée constituante.