Des centaines de personnes, des militants anticolonialistes pour l'essentiel et des représentants de partis politiques et de syndicats de gauche, sont sorties samedi dans les rues de Paris pour dire "non au colonialisme, au racisme et à l'exclusion". Répondant à l'appel du Collectif Sortir du colonialisme, qui regroupe des associations, des partis politiques et des syndicats militant pour les droits de l'homme, des militants français mais aussi d'autres nationalités scandaient des mots d'ordre dénonçant la "continuation de la politique coloniale de la France" et la "complicité" du gouvernement socialiste dans "l'accentuation de la colonisation notamment dans les territoires occupés en Palestine et au Sahara occidental". L'intervention militaire française au Mali est également fustigée par les manifestants. Une guerre qui, selon eux, comme celle menée en Afghanistan, invoque la lutte contre le terrorisme comme justification d'une intervention et s'inscrit dans la politique de "la France, gendarme de l'Afrique". Selon le président du Collectif Sortir du colonialisme, Henri Pouillot, la marche qui s'est ébranlée du quartier de Barbès dans le 18e arrondissement pour aboutir au siège du groupe Areva, intervient au moment où la France officielle n'a pas encore "crûment reconnu ses crimes coloniaux" et se trouve engagée dans des guerres qui "ne font pas consensus". "La politique coloniale se poursuit en France. Le président Hollande, lors de son déplacement en Algérie, a eu un positionnement insuffisant vis-à-vis de la question coloniale en ne prononçant à aucun moment le mot crime, à une date aussi symbolique que celle du cinquantenaire de l'indépendance de ce pays", a déclaré M. Pouillot à l'APS. Pour Olivia Zémor, présidente d'Europalestine, cette marche a aussi pour objectif d'exiger la libération des prisonniers politiques palestiniens et l'arrêt de la torture et de la détention arbitraire par l'occupant israélien. "La France avec l'Europe encourage l'occupation israélienne avec des tas de privilèges donnés à Israël sur les plans commercial, scientifique, culturel et autre", a-t-elle regretté, défendant la Campagne Boycott Israël qu'elle coanime avec d'autres associations depuis des années. Les initiateurs de la marche, dont le collectif "D'ailleurs nous sommes d'ici", ont également fustigé la politique d'expulsions systématiques du gouvernement, battant, selon eux, tous les records. "36 822 personnes, hommes, femmes, enfants expulsés en 2012 contre 32 912 en 2011 (+ 11,9 %)", à croire des documents remis à la presse. Ils ont également critiqué les déclarations racistes et islamophobes "décomplexées" et "répétées" en France, et réclamé la fin des pratiques "postcoloniales" dans la gestion de l'immigration et des quartiers populaires et la lutte contre le racisme et la régularisation des sans-papiers. Cette marche, devenue une tradition depuis huit ans, s'inscrit dans la semaine anticoloniale et antiraciste (16 février-3mars), une manifestation née dans le sillage des mouvements rejetant la loi du 23 février 2005 sur "l'apport positif de la colonisation".