Le vice-président soudanais Ali Othmane Taha s'est déclaré mardi favorable à une participation des rebelles combattant contre l'armée dans le sud à l'élaboration d'une nouvelle Constitution. Dans sa première conférence de presse en deux ans, M. Taha a laissé entendre que l'amélioration des relations avec le Soudan du Sud avait permis une ouverture en direction des rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), que le Soudan accusait Juba de soutenir. M. Taha a appelé le chef du SPLM-N, Malik Agar, et son adjoint Abdel Aziz Al-Hilu à participer à l'élaboration de la Constitution : les deux hommes ‘‘ont, au même titre que les autres Soudanais, le droit de participer à cette nouvelle loi fondamentale'‘. Le Soudan a besoin d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 2005 basée sur l'accord de paix qui avait mis fin à 23 ans de guerre civile entre Nordistes et Sudistes et entraîné la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011. Les rebelles du SPLM-N ont combattu au côté des Sudistes pendant la guerre, mais Juba affirme avoir coupé tout lien militaire avec ce groupe, même si experts et diplomates affirment le contraire. L'armée et le SPLM-N s'affrontent depuis l'été 2011 au Kordofan-Sud et au Nil bleu, deux régions frontalières du Soudan du Sud et où Khartoum cherche à affirmer son autorité. Ces combats ont poussé plus de 200.000 personnes à la fuite. Les questions sur la délimitation de la frontière et sur le partage des recettes pétrolières du Sud, dont la production doit transiter par le Nord pour être exportée, ont provoqué des tensions qui ont failli dégénérer en conflit ouvert après des combats frontaliers au printemps 2012. Des accords signés en septembre avaient suscité un espoir, mais ils n'ont pas été appliqués, Khartoum exigeant auparavant des garantis sur la fin du soutien de Juba aux rebelles. Lors des derniers entretiens à Addis Abeba le 12 mars, Khartoum et Juba ont signé un accord prévoyant la reprise de la production pétrolière du Sud, à l'arrêt depuis 2012. Les armées des deux pays ont annoncé leur retrait de zones contestées à la frontière, afin de mettre en place une zone tampon. M. Taha s'est dit confiant que les accords avec Juba seraient appliqués. ‘‘Le climat politique est meilleur'‘, a-t-il dit, en soulignant avoir eu des entretiens en Allemagne avec le vice-président du parti de l'opposant islamiste Hassan al-Tourabi.