Le président du Venezuela, nouvellement élu, Carlos Maduro a réagi aux appels répétés du camp de l'opposition à manifester contre les résultats de l'élection présidentielle, en appelant à son tour à la mobilisation "à travers tout le pays". L'opposition a envahi lundi soir les rues la capitale Caracas protestant contre la proclamation de Maduro comme président du Venezuela, après une élection contestée par son adversaire Henrique Capriles. A l'appel de M. Capriles, des manifestants sont descendus dans plusieurs quartiers de la capitale, certains agitant des casseroles, d'autres allumant des feux de poubelles ou de pneus pour exiger "le comptage de nouveau des bulletins de vote". Face aux manifestations convoquées mardi et mercredi devant les bureaux régionaux du Conseil national électoral (CNE), M. Maduro a réagi en appelant à son tour à la mobilisation "à travers tout le pays". "J'appelle le peuple à combattre dans la paix", a-t-il annoncé, depuis le palais présidentiel de Miraflores, qualifiant de "caprices de bourgeois" la demande du chef de l'opposition. Les manifestations de l'opposition sont qualifiées par le camp gouvernemental de "forme de coup d'Etat déguisé". "Ce qui se cache derrière les paroles d'aujourd'hui, M. Capriles, c'est une convocation à un putsch contre l'Etat, les institutions", a lancé Jorge Rodriguez, le chef de campagne de M. Maduro. Les Etats-Unis soutiennent la demande d'un nouveau comptage par l'opposition, que le porte-parole de la Maison blanche a qualifié d'étape "importante, prudente et nécessaire". Le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, s'est prononcé pour sa part en faveur d'un "dialogue national". La mission d'observateurs envoyés par l'Union des nations sud-américaines (Unasur) au Venezuela a demandé que soient "respectés les résultats" émanant du CNE, "unique autorité compétente" en matière électorale. Les experts assurent que le nouveau président peut aussi redouter la convocation d'un référendum révocatoire dans les trois ans. Il suffirait à ses adversaires de réunir 20% de l'électorat sur une motion de défiance pour pouvoir organiser ce vote. Pour ses nombreux fidèles, l'élection de M. Maduro est garante du maintien des "missions" tracées par le défunt dirigeant socialiste Hugo Chavez, des programmes sociaux financés par la manne pétrolière du Venezuela, détenteur des plus grandes réserves de brut du monde. Le Brésil, Cuba, l'Argentine, l'Equateur, la Bolivie, le Chili, la Russie et le Belarus, des pays qui entretiennent de fortes relations avec le Venezuela, ont félicité Maduro pour sa victoire. M. Maduro, 50 ans, dauphin du défunt président Hugo Chavez a été officiellement crédité de 50,75% des voix, contre 48,97% pour M. Capriles lors du scrutin de dimanche, organisé à la suite de la mort du charismatique Chavez, d'un cancer le 5 mars dernier.