Le président palestinien Mahmoud Abbas a entamé les discussions pour la formation d'un gouvernement d'union nationale en Palestine, deux semaines après la démission du Premier ministre Salam Fayyad, avec comme principal objectif préparer les prochaines élections législatives. Le gouvernement sera formé selon les termes des accords signés au cours des deux dernières années entre le Fatah (le parti de Mahmoud Abbas) et le Hamas à Doha (Qatar) et au Caire (Egypte), a déclaré M. Abbas samedi, précisant que le nouveau gouvernement serait "un gouvernement transitoire et technocrate comprenant des indépendants". La nouvelle équipe, a-t-il fait savoir, serait chargée de "gouverner la Cisjordanie et la bande de Ghaza et de préparer les prochaines élections législatives, notamment au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)". A ce propos, Mahmoud Abbas a appelé toutes les factions politiques palestiniennes à "faciliter la formation du nouveau gouvernement". "En vertu de la Loi fondamentale, le président dispose de deux semaines pour choisir la personne chargée de former le nouveau gouvernement", dans un délai de cinq semaines, avait indiqué Azzam al-Ahmad, un dirigeant du Fatah. Le Hamas insiste sur la réconciliation nationale Réagissant à l'annonce du président du début des consultations, le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri, a souligné que "tout gouvernement doit être formé en application de l'accord de réconciliation et en consultation et par consensus avec le Hamas". Le porte-parole a souligné qu'"il n'y a pas eu de consultation avec le Hamas à cet égard jusqu'à présent", en mettant en garde contre "toute démarche unilatérale". Lors d'une rencontre avec une délégation du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), le haut dirigeant du Hamas Ismaël Haniyeh, a réaffirmé son attachement à la réconciliation inter-palestinienne et à l'application des accords signés. Pour sa part, Saleh Zaidan membre du bureau politique du FDLP a exprimé son soutien aux discussions lancées par le président Abbas pour la formation d'un nouveau gouvernement, notant que ce nouveau développement doit être le prélude à la mise en œuvre des autres dossiers de la réconciliation internationale. Les accords de réconciliation entre le Fatah et le Hamas et les autres factions palestiniennes prévoient que les gouvernements en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, cèdent la place à un exécutif transitoire technocrate chargé d'organiser des élections. Ces élections "sont la seule voie pour reconstruire notre système politique et atteindre nos objectifs nationaux", avait souligné le Premier ministre démissionnaire Salam Fayyad, espérant que le futur gouvernement "s'appuie sur ce qui a été accompli" sous sa direction en tant que Premier ministre depuis 2007. La colonisation et les prisonniers, autres priorités du nouveau cabinet Outre la préparation des prochaines élections, le nouvel exécutif palestinien doit également se pencher sur les moyens de faire face à la poursuite de la colonisation israélienne ainsi que l'épineuse question des prisonniers palestiniens détenus en Israël. La colonisation israélienne est l'un des obstacles empêchant la reprise du processus de paix entre Palestiniens et Israéliens. Israël qui multiplie les annonces de nouveaux projets d'habitation dans les territoires occupés poursuit en parallèle sa politique de destruction des maisons palestiniennes. Selon l'Union européenne (UE) "depuis 2008, plus de 2.400 maisons et habitats palestiniens ont été détruits dans la zone C (zone de Cisjordanie colonisée par Israël) ainsi qu'à El Qods-Est provoquant le déplacement de plus de 4.400 personnes". Cette politique israélienne ne fait qu'éloigner la solution à deux Etats, et la communauté internationale est incapable d'y mettre un terme. A cette question s'ajoute celle des prisonniers palestiniens incarcérés dans les geôles israéliennes dont le nombre a atteint les 4.900 détenus. Parmi eux 169 sont en détention administrative, sans jugement et dont l'emprisonnement peut être renouvelé à la volonté des autorités israéliennes. Selon les chiffres officiels palestiniens, près de 200 prisonniers palestiniens sont morts dans les prisons israéliennes depuis 1967. D'après le club des prisonniers palestiniens, qui défend leurs intérêts, quelque 25 Palestiniens sont atteints de cancer dans les prisons d'Israël. Le président Abbas avait insisté à plusieurs reprises que la libération des prisonniers palestiniens est l'une des priorités de l'Etat palestinien. Le ministre palestinien du travail, Ahmed Majdalani avait indiqué récemment que la libération des anciens prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes avant l'accord d'Oslo de 1994, était une condition sine qua non pour la reprise des négociations avec Israël.