Le dirigeant du mouvement islamiste Hamas en exil à Damas, Khaled Mechaal, est arrivé dimanche au Caire, où le président palestinien Mahmoud Abbas et chef du Fatah est attendu aujourd'hui. Les mouvements palestiniens Fatah et Hamas scellent aujourd'hui au Caire leur accord de réconciliation, première étape pour solder quatre ans de divisions à la fois politique et géographique, entre la Cisjordanie et la bande de Ghaza. L'accord prévoit la formation d'un gouvernement d'indépendants pour préparer des élections présidentielle et législatives simultanées dans un délai d'un an. D'ici là, il devrait perpétuer le statu quo, aussi bien sur les négociations avec Israël que sur le contrôle respectif du Hamas sur Ghaza et de l'Autorité palestinienne dans les zones autonomes de Cisjordanie. Les groupes palestiniens du Jihad islamique, Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, gauche), Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP, gauche) et du Parti du peuple palestinien (ex-communiste) ont également été invités à ratifier cet accord. Cette signature fait suite à la conclusion d'un protocole d'accord le 27 avril au Caire par Azzam al-Ahmad, responsable de ce dossier au sein du Fatah, et Moussa Abou Marzouk, numéro deux du bureau politique du Hamas, après plus d'un an et demi de discussions infructueuses. Une cérémonie officielle pour célébrer la réconciliation est prévue demain en présence de MM. Abbas et Mechaal, une première depuis la prise de contrôle de Ghaza par le Hamas en juin 2007. M.Abbas doit prononcer un discours. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, le ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil al-Arabi et le chef des renseignements égyptiens, le général Mourad Mouafi doivent assister à la cérémonie, à laquelle a été convié l'ex-président américain Jimmy Carter. MM. Abbas et Mechaal doivent ensuite se rencontrer et s'entretenir avec les responsables égyptiens. L'accord porte sur la création d'un Haut conseil de sécurité pour statuer sur les questions des forces de sécurité des différents mouvements, en vue de leur future intégration dans une force de sécurité «professionnelle». Il prévoit également la mise en place d'une commission électorale et la libération de détenus des deux mouvements. Après la signature, les deux parties s'attelleront à la constitution d'un exécutif transitoire d'indépendants, en lieu et place des gouvernements de Salam Fayyad pour l'Autorité palestinienne et d'Ismaïl Haniyeh pour le Hamas. Le sort de M.Fayyad, très apprécié de la communauté internationale, en particulier des bailleurs de fonds, n'a pas encore été tranché. Le principal dirigeant politique du Hamas à Ghaza, Mahmoud Zahar, qui a participé aux négociations du Caire, a réclamé un Premier ministre indépendant originaire de Ghaza, dans une interview au quotidien londonien Al-Hayat. «Le choix du chef du gouvernement se fera par consensus», a-t-il souligné, rejetant les appels européens à un maintien de M.Fayyad. «La formation du gouvernement entre dans le cadre de l'entente nationale palestinienne, pas de l'entente palestino-européenne». L'accord ne change pas non plus la donne s'agissant des négociations de paix avec Israël, de toute façon bloquées. M.Abbas a rappelé jeudi que la conduite des négociations lui revenait, en sa qualité de chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), balayant les protestations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui avait jugé incompatibles «la paix avec Israël et la paix avec le Hamas».