Des représentants des médias publics et privés ont plaidé, mardi à Alger, pour la création d'une institution nationale qui se chargera de l'évaluation de la liberté d'expression en Algérie selon des normes émanant de la réalité du terrain. Unanimes à affirmer l'inexistence d'une liberté d'expression "absolue" de par le monde, les participants à une rencontre-débat "La tribune libre" de l'Assemblée populaire nationale (APN), ont déploré le fait que la liberté d'expression en Algérie soit évaluée par des institutions étrangères qui "imposent leurs propres critères d'évaluation". "Nous sommes victimes d'évaluation d'institutions et d'organismes étrangers. Il est temps de créer une institution nationale chargée d'évaluer la liberté d'expression en Algérie", a résumé le professeur à la faculté des Sciences de l'information et de la communication, Laïd Zoughlami. Par ailleurs, plusieurs points ont été abordés lors de cette rencontre portant sur l'évolution de la presse en Algérie, la distribution, l'impression et le contenu des journaux qui forment le paysage médiatique national. La directrice du quotidien arabophone public "El-Chaâb", Amina Debache, a évoqué les différentes étapes historiques de la presse publique, rappelant que le nombre de journaux publics est "seulement" de six titres parmi plus de 130 titres. Elle a expliqué que la presse publique, plus précisément les deux quotidiens El-Chaâb et El-Moudjahid, représentaient "une école et une référence" pour les professionnels du métier de journaliste, déplorant toutefois le problème de distribution qui "freine" le développement de la presse publique. Mme Debache a souligné, à cet égard, la nécessité d'une volonté politique pour résoudre le problème de distribution et éviter, ainsi, "l'étouffement" que subit la presse publique. Pour sa part, la directrice du quotidien arabophone privé "El-Fadjr", Hadda Hezam, a porté un regard critique sur le contenu des journaux dont le nombre dépasse les 130 en s'interrogeant sur leur apport à la société algérienne et à l'opinion publique. "Il y a plus de 130 titres. C'est une situation lamentable qui encourage la quantité au détriment de la qualité. Je pense qu'il y a même une mauvaise intention de submerger le marché national de l'information de titres insignifiants pour faire de l'ombre aux titres sérieux", a-t-elle estimé. De son côté, l'ancien journaliste à El-Moudjahid, Amar Belkhodja, a axé son intervention sur la naissance de la presse algérienne et son combat militant par la plume contre l'occupant français, soulignant qu'il s'agissait d'une "presse engagée" qui doit servir de "référence incontournable" pour la génération montante de journalistes.