La traditionnelle fête du travail a été marquée au Maroc par la désunion des différents syndicats qui ont célébrer, mercredi, cette journée de revendications socioprofessionnelles des travailleurs en ordre dispersé, a-t-on constaté. Chaque syndicat a tenu à organiser sa propre marche, au centre-ville de Rabat, pour faire valoir ses revendications, même si les mots d'ordre lancés par les manifestants et les banderoles se rejoignent pour dénoncer la politique économique d'austérité suivie par le gouvernement de coalition dirigé par le Parti justice et développement (PJD, islamiste). L'ensemble des syndicats ont notamment appelé au respect des libertés syndicales et à la défense des acquis du monde du travail en stigmatisant la politique consistant à effectuer des prélèvements sur les salaires des grévistes et la hausse du cout de la vie. Ils ont, à cet effet, réclamé la généralisation de la couverture sociale pour le secteur privé, les commerçants et les artisans et à combattre les disparités sociales au Maroc. L'Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), proche du parti de l'Istiqlal, membre du gouvernement aura été le syndicat qui a drainé le plus de monde lors de ces manifestations marquant cette journée au cours de laquelle son secrétaire général Hamid Chabat a exigé un remaniement ministériel pour inclure toutes les forces politiques du royaume afin de faire face à la crise qui touche de plein fouet le Maroc et l'instauration d'un vrai dialogue social. Cette désunion des centrales syndicales s'est manifestée au sein même des syndicats à travers l'Union marocaine du travail (UMT), un des principaux syndicats au Maroc qui a organisé deux marches distinctes. La première emmenée par la branche dite légale et la seconde par des dissidents proches de l'Association marocaine des droits humains (AMDH) et du mouvement du 20 février qui réclame des changements politiques en profondeur au Maroc. Les membres de ce mouvement ont saisi cette occasion pour appeler à la libération des détenus politiques notamment leurs camarades emprisonnés et scandé des slogans contre la corruption et la répression des éléments de leur organisation. De leur côté, les différentes coordinations de diplômés chômeurs ont sillonné le centre-ville de la capitale marocaine pour réclamer leur intégration immédiate dans le monde du travail particulièrement dans le secteur public. Pieds nus et soulevant leurs chaussures pour signifier leur dénuement total, ces diplômés de l'université publique ont particulièrement dénoncé les fausses promesses de l'exécutif et la politique de l'emploi menée par le gouvernement. Cette journée de revendications intervient au moment où trois importants syndicats ont boycotté samedi un round de dialogue social avec le gouvernement afin de marquer leur désaccord avec la politique économique et social de l'exécutif. Cette réunion avait été boycottée par la Fédération démocratique du travail (FDT) et la Confédération démocratique du travail (CDT) deux syndicats proches du parti l'Union socialiste des forces populaires (opposition) et rejoints par la suite par l'UGTM. Dans un communiqué la FDT et la CDT avaient estimé que l'ordre du jour de cette réunion ne pouvait pas faire avancer les choses et constituer une base solide pour l'instauration d'une Charte sociale à même de répondre aux attentes et revendications des travailleurs et d'apaiser la situation de tension qui menace la paix sociale. Le dialogue social regroupe le gouvernement, La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM, patronat) et les cinq centrales syndicales les plus représentatives, à savoir la FDT, la CDT, l'UGTM, l'UMT (diverses tendances) et l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM, proche du PJD).