Le jazz afro-cubain, dont le grand pianiste cubain Chucho Valdès a fait sa spécialité, était à l'honneur mercredi soir au théâtre de Constantine pour la 7e soirée du festival international Dimajazz. Du haut de ses 71 ans, Chucho Valdès a "allumé" durant plus d'une heure une assistance conquise avec "Congadanza", "Juliane", "Bebo", "Pilar", "Abdel", des morceaux de son dernier album intitulé "Sans frontières", qu'il a exécutés au cours d'une prestation digne de son palmarès et de sa musique à dimension planétaire. Les doigts du pianiste ont fini par embarquer l'assistance dans une sorte de tornade musicale, passant, avec une éblouissante dextérité, des standards du jazz à des réminiscences de Debussy et de Bach, frôlant même le côté glamour des ballades romantiques. C'était en somme du jazz mêlé de salsa, de groove et de latino, inspiré de l'histoire de Cuba, de l'Afrique et des mélanges des cultures. En entamant son dernier morceau, Chucho invita le chanteur marocain du groupe University of Gnawa, Aziz Sahmaoui, à monter sur scène. Epaulé par des instrumentistes talentueux, le pianiste et son invité exécutent, au grand bonheur d'un public ravi, un rythme afro-cubain mêlé à la musique Gnaouie, où le qarqab a superbement dialogué avec le tambour cubain. En coulisses, Chucho Valdès a déclaré à la presse que ses appréhensions avant de pénétrer sur scène ont été vite "dissipées par l'accueil chaleureux du public". L'éternel amoureux de la musique sans frontière, avouant que la musique malouf qu'il a eu l'occasion d'écouter lors de sa virée constantinoise "a attiré son attention", a demandé à ce qu'on lui offre un CD. University of Gnawa et Aziz Sahmaoui avaient animé la première partie de la soirée. Aziz au chant, à la mandole et au qarqab, Hervé Samb à la guitare, Alune Wade à la basse, Cheikh Diallo aux claviers, Adil Mirghani aux percussions et Mamoune Dehane à la calebasse ont gratifié le public de chansons du dernier album du groupe, composée dans la tradition gnawa, fusionnée au chaâbi marocain, aux rythmes africains et au jazz.