D'intenses efforts diplomatiques sont en cours pour la tenue d'une conférence internationale sur la Syrie, à l'initiative de Moscou et Washington, au moment où les parties au conflit campent sur leurs positions. Le gouvernement syrien a exprimé son refus de tout "diktat" imposé dans la perspective de la conférence de paix internationale, initiée par les Etats-Unis et de la Russie pour à trouver une "solution politique". "La Syrie n'acceptera aucun diktat et ses amis ne l'accepteront pas non plus", a déclaré le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, sur la chaîne de télévision officielle Al-Ikhbariya, mardi soir. M. Moqdad a indiqué que "la réussite de toute conférence internationale (...) en vue de parvenir à une solution politique à la crise actuelle est liée à la bonne foi de ceux qui soutiennent le terrorisme", ajoutant que "l'arrêt du terrorisme et de la violence est un facteur essentiel pour l'arrêt de la crise". Le gouvernement syrien a annoncé vouloir connaître les "détails" de la conférence internationale sur la Syrie avant d'affirmer ou non sa participation, selon le ministre syrien de l'Information Omrane Al-Zohbi. La participation de la Syrie "est liée aux détails (de la conférence)", a indiqué le ministre, tout en précisant que les Affaires étrangères syriennes menaient des "contacts" en ce sens, sans élaborer. Il également réaffirmé que le sort du président Bachar al-Assad était du ressort "du peuple syrien et des urnes", en référence à la présidentielle de 2014 en Syrie. Ces propos interviennent alors que la Coalition de l'opposition syrienne a annoncé par la voix de son porte-parole Sonir Ahmad, qu'elle étudiera le 23 mai prochain, lors d'une réunion à Istanbul (Turquie), cette proposition. L'opposition syrienne exige le départ du président El Assad, comme préalable à sa participation au dialogue avec le gouvernement lors de la conférence de paix internationale. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, doit rencontrer le 17 mai prochain à Moscou le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, pour discuter notamment de la crise syrienne, selon le ministère russe des Affaires étrangères. "Ban Ki-Moon se rendra en Russie du 16 au 19 mai" et aura des entretiens le 17 avec Sergueï Lavrov, qui porteront sur "les questions d'actualité internationale, en particulier la crise en Syrie", indique un communiqué du ministère. Le président américain Barack Obama a, pour sa part, souhaité que la transition politique en Syrie soit opérée pacifiquement à la faveur d'une prochaine conférence sur la crise syrienne à la fin mai, mais a relevé la difficulté de la tâche. A l'issue de sa rencontre avec le Premier ministre britannique, David Cameron, à la Maison-Blanche, le président américain a indiqué dans une conférence de presse que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne allaient poursuivre leurs efforts pour "accroître la pression" sur le gouvernement de Bachar Al-Assad, renforcer "l'opposition modérée" et "se préparer à une Syrie démocratique sans Bachar Al-Assad". M. Obama a réitéré que la conférence internationale devra réunir des représentants du gouvernement syrien et de l'opposition afin de "s'entendre sur un organe de transition qui permettrait un transfert de pouvoir d'Al-Assad à cet organe". Selon lui, l'ensemble de la communauté mondiale n'a pas intérêt de voir la Syrie "engagée dans une guerre sectaire", tout en relevant particulièrement le danger des conséquences de la présence de groupes extrémistes au sein des rebelles. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui appelé l'opposition syrienne à soutenir l'initiative russo-américaine d'organiser une conférence internationale pour mettre fin au conflit en Syrie. "Il est important que tous les participants à la réunion expriment un soutien clair à l'initiative russo-américaine destinée à mettre en œuvre le communiqué de Genève", a déclaré M. Lavrov, à Kiruna (Suède) où a lieu une réunion du Conseil de l'Arctique, organisation intergouvernementale qui regroupe les pays riverains de l'Arctique. Par ailleurs, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a de nouveau plaidé en faveur d'un dialogue entre les parties en conflit en Syrie. "Les peuples de la région souffrent déjà trop et nous ne voulons pas y ajouter. Nous devons au contraire atténuer les problèmes", a déclaré M. Salehi à des journalistes à Djeddah (Arabie saoudite) où il a participé à une réunion de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) sur le Mali. "S'il arrive que la Syrie se désintègre, sa crise affectera tous les pays de la région", a-t-il mis en garde avant d'appeler de nouveau à un "dialogue entre le gouvernement et l'opposition pour sortir la Syrie du conflit" qui la déchire depuis plus de deux ans. Le ministre iranien a aussi rejeté toute intervention étrangère dans le pays, disant qu'"il est anormal que l'on vienne de l'extérieur imposer au peuple syrien quoi que ce soit". Dans la capitale égyptienne, Le Caire, plusieurs réunions sont prévues pour trouver une solution à la crise qui sévit en Syrie. Un conseiller du président égyptien Mohamed Morsi pour les affaires étrangères, Issam El Haddad, a souligné que l'initiative quadripartite lancée par l'Egypte a été renforcée par un nouvel élément susceptible de garantir une issue pacifique à la crise syrienne à savoir "l'arrêt de l'effusion du sang, la sauvegarde de l'intégrité territoriale de la Syrie, le rejet de toute intervention étrangère et la liberté du peuple syrien de choisir ses dirigeants". Selon El Haddad, le président Morsi insiste sur une "solution négociée" qui tienne compte des aspirations du peuple syrien, faisant remarquer que l'Arabie Saoudite qui est membre de l'initiative sera absente. Ce responsable a affirmé que "l'Egypte traitait avec toute l'opposition syrienne représentant le peuple syrien" et que pour aboutir à une solution de la crise, "il faut qu'il y ait un représentant du régime syrien accepté par l'opposition pour engager des négociations". Les Etats-Unis et la Russie avaient annoncé avoir convenu d'inciter le gouvernement syrien et les rebelles à trouver une "solution politique" et d'encourager la tenue "au plus vite", soit fin mai au plus tard, d'une conférence internationale sur la Syrie, avec le Communiqué de Genève (conclu le 30 juin 2012 entre les grandes puissances) comme feuille de route.