Le FMI a indiqué mardi qu'une éventuelle baisse prolongée des prix de pétrole comporterait des ''risques considérables'' chez les pays producteurs de pétrole de la région Moyen-Orient et Afrique du nord (MENA), préconisant notamment de limiter les hausses des dépenses publiques telles que les salaires et les subventions pour faire face à toute forte baisse des cours pétroliers. Dans son nouveau rapport consacré aux perspectives économiques de la région MENA, le FMI estime que si les risques pesant sur les perspectives de l'économie mondiale ont quelque peu diminué ces derniers mois, ils restent toutefois élevés. En ce qui concerne les pays exportateurs de pétrole du MENA, l'institution de Bretton Woods constate que bon nombre d'entre eux affichent une dette publique faible et pourraient utiliser leurs réserves de change et d'autres avoirs extérieurs pour soutenir la demande globale en cas de bref repli des cours du pétrole, ''mais une baisse prolongée comporterait des risques considérables''. Il ressort de l'analyse du FMI que dans le cas d'un ralentissement de la croissance dans les pays émergents qui s'ajouterait à une faible reprise dans la zone euro, cette situation amènerait les cours du pétrole au-dessous du niveau requis pour équilibrer le budget de la plupart des pays exportateurs de pétrole du MENA. Par ailleurs, le FMI souligne que dans quelques pays de la région, ''un regain d'incertitude politique et de nouveaux troubles ont été observés, et des installations pétrolières ont été sabotées''. Ces facteurs ''n'ont pas eu, jusqu'à présent, d'impact matériel sur la production d'hydrocarbures, mais une détérioration de la sécurité nationale ou une intensification des tensions géopolitiques régionales pourrait peser sur les volumes des exportations d'hydrocarbures à court terme'', avance le rapport. Selon le FMI, à moyen terme, ''la hausse des coûts de sécurité et un climat d'investissement moins attrayant pourraient freiner l'expansion de l'offre d'hydrocarbures''. Il a fait valoir, en outre, que parmi les risques à long terme qui pèsent sur les prix des hydrocarbures figurent la propagation de ''la révolution américaine de pétrole et de gaz de schiste'' dans d'autres parties du monde. Signalant que la croissance de la production pétrolière ''marquera une pause'' en 2013 étant donné le manque de vigueur de la demande mondiale de pétrole, les auteurs du rapport constatent que pendant les premiers mois de l'année en cours, les exportations de pétrole ont diminué dans la région MENA. Le FMI considère aussi que dans de nombreux pays pétroliers de cette même zone, le fait que les prix d'équilibre du pétrole soient élevés et en hausse constante et que les dépenses atteignent des niveaux ''qui ne permettent pas d'accumuler une richesse suffisante pour les générations futures'' implique que la ''politique budgétaire doit être durcie''. Pour mieux résister à une éventuelle forte baisse des cours du pétrole, poursuit-il, ''il convient de limiter les hausses des dépenses publiques courantes qui sont difficiles à inverser, telles que la masse salariale et les subventions''. Dans ce sens, le rapport note que dans plusieurs pays, les dépenses d'équipement peuvent être maintenues, mais il convient d'établir ''un ordre de priorité'' afin de ne pas compromettre la qualité de l'investissement public. Outre l'impérativité de la diversification de l'économie, les auteurs de cette analyse ont insisté particulièrement sur l'importance de la qualité dans les secteurs de l'éducation et de la formation, soutenant que la richesse pétrolière devrait de plus en plus être utilisée pour mettre en valeur le capital humain. Si dans le domaine de l'éducation, la région a bien convergé vers la moyenne mondiale sur le plan de la quantité, ''la qualité est exceptionnellement faible par rapport aux normes internationales'', déplore le FMI. Concernant la croissance économique dans les pays exportateurs-MENA, elle devrait tomber à 3,2% en 2013 contre 5,7% en 2012, pronostique le rapport. Pour l'Algérie, le FMI a repris ses prévisions publiées en avril dernier dans son rapport mondial : une croissance de 3,3% en 2013 (contre 2,5% en 2012), une inflation de 5% (contre 8,9%), un solde budgétaire négatif de -1,8% (contre -3,4%) et une balance des comptes courants positive de 6,1% du PIB (contre 5,9%).