L'essor de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis pourrait fort probablement créer des dissensions au sein de l'Opep quant aux mesures à prendre pour répondre à ce nouveau défi, a indiqué lundi le journal américain Wall Street Journal (WSJ). ''L'augmentation de la production pétrolière américaine est en train de réécrire le modèle de commerce mondial du pétrole et d'approfondir les divergences existantes au sein de l'Opep, ce qui limite la capacité de cette organisation à élaborer des réponses collectives dont celle d'une possible réduction de la production'', estime ce journal des affaires américain. La prochaine réunion ministérielle de l'Opep, qui va se tenir vendredi prochain à Vienne, ne va décider d'aucune modification dans le volume de sa production de pétrole qui représente le tiers de l'offre mondiale de brut mais ''marquera la première étape d'un débat épineux sur l'impact du pétrole de schiste, qui montre déjà des signes de divisions au sein du groupe'', avance WSJ. Il explique ces divergences par le fait que de nombreux pays africains membres de l'Opep commencent à subir financièrement les effets du boom pétrolier aux Etats-Unis, alors que les pays du Golfe, notamment l'Arabie saoudite, en sont ''relativement indemnes'' du fait de leurs grandes capacités financières. ''Tandis que l'Arabie saoudite minimise la menace, le Nigeria juge que le pétrole de schiste américain constitue une +grave préoccupation+'', rapporte le quotidien américain, précisant que les exportations pétrolières du Nigeria, de l'Algérie et de l'Angola vers les Etats-Unis ont connu une forte chute durant ces dernières années. ''Cette disparité tend à approfondir les luttes de pouvoir qui ont dominé l'OPEP au cours des dernières années. L'Iran, le Venezuela et l'Algérie, qui ont besoin de prix élevés du pétrole pour couvrir les dépenses intérieures et de compenser la baisse de production, se sont régulièrement affrontés aux pays du Golfe menés par l'Arabie saoudite qui, eux, ont la force financière pour résister à la baisse des prix'', poursuit WSJ. ''L'OPEP a réussi à surmonter les rivalités passées en se solidarisant contre une menace extérieure, notamment en 2008 quand elle a accepté une réduction de la production de plus de 4 millions de barils par jour pour enrayer la chute des prix pendant la crise financière'', rappelle le quotidien américain. Mais, selon les représentants de pays africains et de pays du Golfe membres de l'Opep, ''l'impact inégal de la hausse de l'offre nord-américaine fait qu'une réponse collective de l'Opep, telle une réduction coordonnée de la production pour soutenir les prix, devient plus difficile''. Le quotidien américain des affaires se veut pour preuve les récentes déclarations faites par des membres de l'Opep. Ainsi, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaimi, avait réfuté les craintes suscitées par le boom pétrolier des Etats-Unis en déclarant que ''le gâteau s'agrandit et il y en a assez pour tout le monde". Mais lors d'une conférence à Oxford au début du mois de mai, le ministre de pétrole nigérian, Diezani Alison-Madueke, avait soutenu que ''le pétrole de schiste a été identifié comme l'une des menaces les plus graves pour les producteurs africains", qui pourrait faire perdre 25% de leur chiffre d'affaires s'ils sont évincés du marché américain. Selon des experts, si l'Arabie saoudite peut tenir même avec des prix inférieurs à ceux en cours actuellement, d'autres membres auront du mal à équilibrer leur budget avec un baril de 90 dollars. A ce propos, Wall Street Journal cite également le ministre des Finances, Karim Djoudi, qui avait appelé récemment à la prudence dans les dépenses alors que le montant des exportations d'hydrocarbures a baissé de près de 9% durant les 4 premiers mois de l'année 2013. A rappeler que dans son dernier rapport, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prévu que d'ici à 2017, l'offre américaine de pétrole augmenterait de 30%, avec 11,9 millions de barils par jour (mbj), avançant que les Etats-Unis deviendraient le premier producteur mondial de brut grâce aux hydrocarbures non conventionnels.