Avec la découverte et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste et pétrole des sables bitumineux), la carte énergétique mondiale tend à se redessiner glissant de plus en plus vers les pays développés dont le sous-sol regorge de cette source d'énergie. Si depuis des décennies, les hydrocarbures conventionnels «sont concentrés dans le monde en développement, comme le golfe Persique, l'Afrique du Nord, le Delta du Niger et la mer Caspienne, la carte géographique des hydrocarbures est en train de subir un changement radical avec le gaz de schiste et le pétrole des sables bitumineux», a souligné, hier, le Wall Street Journal. Les grandes compagnies pétrolières occidentales «prospectent et exploitent de plus en plus les gisements des hydrocarbures non conventionnels situés dans les pays développés (Etats-Unis, Canada, Australie). Et l'exploitation de ces nouvelles sources pourrait avoir de profondes répercussions sur l'industrie, la consommation, la politique et le marché pétrolier mondial», soutient le journal. En 2020, les sources de schiste formeront plus de 30% de la production globale de gaz et de pétrole des Etats-Unis, qui sont leaders dans cette branche, selon le cabinet américain de conseil énergétique, PFC Energy. Selon ses prévisions, d'ici à 2020, les Etats-Unis deviendraient le premier producteur de pétrole et de gaz, surpassant la Russie et l'Arabie saoudite. Une étude menée par le prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), on estime que le gaz naturel fournira 40% des besoins énergétiques des Etats-Unis à l'avenir, contre 20% aujourd'hui, grâce, en partie, aux abondantes réserves de gaz de schiste. Cette situation qui se profile «est susceptible de faire basculer la puissance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en matière d'énergie au profit de l'hémisphère occidental», affirme le Wall Street Journal.Pour soutenir son analyse, ce dernier citera l'exemple de la compagnie Shell, qui engageait, auparavant, des investissements en amont à raison de 50/50 entre les pays de l'OCDE et ceux des autres régions du monde, pour passer, actuellement, à un taux de 70/30 en faveur des pays de l'OCDE, notamment aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Il en est de même pour Exxon Mobil dont la production d'hydrocarbures non conventionnels a augmenté de près de 90% au cours des cinq dernières années à 35 milliards de barils équivalent pétrole, et dont la production aux Etats-Unis seulement devrait doubler au cours des dix prochaines années.Toutefois, l'élan des compagnies pétrolières et des pays occidentaux est quelque peu refroidi par les retombées écologiques de l'exploitation des gaz de schiste. En plus de la grande consommation d'eau qu'elle nécessite, elle a de graves répercussions sur l'environnement, dont l'empoisonnement des nappes phréatiques. APS