Un groupe de non-jeuneurs ont organisé, samedi en milieu de journée, un rassemblement pacifique au niveau de la place de l'Olivier de Tizi-Ouzou, où ils ont déjeuné publiquement réclamant la défense d'une "liberté de conscience". Au nombre d'environ 150 citoyens, selon les services de sécurité, ces non-jeuneurs, dont des militants du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK, non agréé) et des adeptes d'une église évangéliste, ont consommé du pain et bu de l'eau, des jus de fruits et de la bière. Selon ces initiateurs, cette action se veut une "interpellation" des autorités sur le respect des libertés individuelles, de la liberté du culte et de conscience, garanties par la loi algérienne et "non une attaque contre l'islam". Ils ont estimé que leur acte est "un appel à la tolérance, la fraternité et le respect de l'autre". Ce déjeuner public, pendant le mois de ramadan, le premier du genre, a été différemment perçu par les citoyens de Tizi Ouzou, qui ont exprimé des avis de tolérance, d'indifférence et de condamnation. Ainsi, Dalila, une jeune fille voilée, interrogée par l'APS a condamné "fermement" cette action de déjeuner en public durant ce mois sacré. "Non seulement, ces gens-là n'ont pas honte de ne pas faire le ramadan, en plus ils déjeunent publiquement, la loi doit être appliqué contre eux", a-t-elle dit. Un homme à la barbe fournie, portant Kamis a refusé, quant à lui, de s'exprimer sur le sujet. "Je n'ai rien à dire", s'est-il contenté de déclarer, alors qu'un jeune citoyen, qui était avec lui, n'a pas caché son "irritation", jugeant cette action comme "une grave atteinte à l'islam". Un septuagénaire, qui s'est intégré dans la discussion, a rappelé que "jadis, il était formellement interdit par le comité de village, sous peine de payer une amende, de rompre le jeûne en public. La discrétion étaient exigée des non-jeuneurs qui n'étaient toutefois ni agressés ou pourchassés". Des jeunes, qui font le ramadan ont estimé, quant à eux, que "chacun est libre de jeûner ou pas comme chacun est libre de faire la prière ou pas, du moment où personne n'impose à l'autre sa démarche". "Ces non-jeuneurs ne sont pas obligatoirement des autonomistes ou des chrétiens", fait remarquer une dame qui affirme que l'un de ses enfants est un non-jeuneur. "L'essentiel est d'éviter toute forme de violence visant à imposer une idée quelconque", a-t-elle ajouté. Plus loin de la place de l'Olivier où les non-jeuneurs ont commencé à se disperser dans le calme, au coin d'un trottoir, presque à l'abri des regards, un vieux boit discrètement de l'eau sans se sentir impliqué ni par le sit-in, ni par ceux qui s'y opposent. "Il est peut être malade", s'exprime un passant avant de poursuivre sa route. A noter que cette action est intervenue en réaction une tentative de fermeture d'un restaurant à Tifra (daïra de Tigzirt), effectuée dernièrement, par la gendarmerie au prétexte qu'on y servait des repas au moment du jeûne.