Les nouvelles autorités en Egypte tentent de briser l'inertie qui pèse sur le dialogue interne dans l'espoir de régler la grave crise politique que traverse le pays en attendant l'aide des émissaires européens et américains visant à faciliter le contact en prélude à des négociations entre l'armée et le gouvernement, d'une part, et les Frères musulmans d'autre part. Samedi seulement on été annoncées les deux premières rencontres entre des partis politiques et certains prédicateurs et le ministre égyptien de la Défense Abdelfattah al-Sissi et le Premier ministre Hazem al Beblawi pour tenter de trouver une issue à la crise. Dans un communiqué, le porte parole militaire a indiqué qu'al-Sissi a affirmé lors de cette rencontre ce dimanche, qu'"il y avait encore des chances pour régler la crise pacifiquement à condition que toutes les parties rejettent la violence, acceptent le fait accompli et respectent la feuille de route ficelée le 30 juin dernier". Il a précisé à ce propos, que les forces armées prenaient en ligne de compte les efforts consentis par l'ensemble des parties dans le but de lever les sit-in pacifiques. Cette rencontre, la première annoncée de médiateurs entre l'"Alliance nationale pour la légitimité" dirigée par les Frères musulmans et l'armée a capté l'attention des médias locaux d'autant plus qu'elle intervient en même temps que des rapports occidentaux faisant état de pressions américaines sur l'armée et le gouvernement en Egypte afin d'empêcher tout recours à la force contre les pro-Morsi dans l'attente des résultats des rencontres européennes et américaines devant amorcer un dialogue d'apaisement et faire cesser les violences. Un membre du "Majless Choura el-Ulema" (conseil consultatif des érudits) qui regroupe les plus influents prédicateurs salafistes d'Egypte, a déclaré que sa délégation qui a rencontré al-Sissi a porté les revendications de dirigeants de l'"Alliance nationale pour la légitimité" dont Abderrahmane al Bir, membre du Majless Choura des Frères musulmans, Aymane Abdelghani, membre dirigeant du parti pour la liberté et la justice (PLJ), et d'autres du parti pour la construction et le développement et du parti Al Assala. Les revendications s'articulent toutes autour de la "cessation de l'effusion de sang, le non recours à la force pour déloger les manifestants, la réunion des conditions indispensables à une réconciliation véritable et la libération des "détenus politiques" du 30 juin. Le chef de la délégation, Cheikh Mohamed Hassane, a souligné qu'al-Sissi "s'est engagé à ne pas mettre fin aux sit-in par la force". Dans un communiqué publié dimanche sur la page du PLJ, le chargé de communication du parti pour la construction et le développement a indiqué que la délégation du Majless Choura al-Uléma a fait part de la vision de l'Alliance sur le "règlement politique de la crise" à Abelfettah al-Sissi mais a nié la présence de dirigeants de l'Alliance. Le communiqué du Conseil égyptien de la défense nationale publié dimanche était en cohérence avec les efforts des médiations locales et internationales appelant à la retenue et à l'apaisement pour mettre fin aux violences et entamer un dialogue autour d'une solution pacifique de la crise. Le Conseil a estimé, dans un communiqué sur la dispersion des sit-in de Rabaa al Adawiya et d'al Nahda, crucial de "donner toutes les chances aux efforts de médiation et aux négociations qui pourraient faire éviter le chaos au pays et épargner les vies des citoyens". Il a appelé en outre, les partisans de l'ancien président à "rejeter les violences de manière catégorique", à se rallier au rang national et à adhérer à la feuille de route pour construire l'avenir aux côtés de tous les autres enfants du pays". D'autre part, l'"Alliance nationale pour la légitimité" a "condamné tout appel à la violence ainsi que les actes criminels perpétrés à Sinaï", selon un communiqué publié au terme d'une rencontre entre ses représentants et le secrétaire d'Etat américain William Burns et l'émissaire de l'Union européenne Bernardino Leon. Cependant, l'Alliance a rejeté toute solution qui ne se fonderait pas sur la "légitimité constitutionnelle" et qui ne reconnaîtrait pas le droit de manifester pacifiquement. La délégation dirigée par les dirigeants de la confrérie Mohamed Ali al Bichr, ancien ministre du développement local, et Amr Derraj, ancien ministre de la planification et de la coopération internationale, a demandé l'ouverture d'une "enquête internationale neutre sur les violations des droits de l'homme" y compris "l'assassinat de manifestants pacifiques", la confiscation de la liberté d'expression et la fermeture des chaînes satellitaires lors des évènements qui ont succédé le 30 juin, poursuit le communiqué. Sur le terrain plusieurs manifestations des pro-Morsi ont été organisées dans l'après midi au Caire et autres gouvernorats en réponse à l'appel de l'Alliance pour revendiquer le retour à la légitimité.