De nouvelles manifestations des partisans de Mohamed Morsi sont prévues jeudi au Caire au lendemain de la mort de plus de 460 personnes notamment dans l'assaut lancé dans la capitale par la police égyptienne contre les camps de manifestants favorables au président déposé par l'armée début juillet. Selon un nouveau bilan officiel communiqué jeudi, 464 personnes dont 421 civils et 43 policiers, ont été tuées et de 3.572 autres blessées mercredi dans l'opération policière contre les pro-Morsi et les violences à travers le pays. De leur côté, les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, parlent de 2.200 morts et plus de 10.000 blessés, après la prise de contrôle par la police des deux places Rabaa al-Adawiya et Nahda du Caire où les manifestants campaient depuis un mois et demi, pour réclamer le retour du président déchu. Après la dispersion sanglante des partisans de Morsi, le calme était de rigueur dans la nuit de mercredi et jeudi matin, après l'instauration d'un couvre-feu nocturne dans la moitié du pays et la proclamation de l'état d'urgence pour un mois, selon des responsables de sécurité. Mais les Frères musulmans ont appelé à maintenir la mobilisation, appelant leurs partisans à de nouvelle manifestations jeudi dans la capitale. Cet appel a été lancé alors que les autorités intérimaires, installées par les militaires après la destitution et l'arrestation de Morsi, ont prévenu qu'elles ne toléreraient aucun nouveau sit-in ou nouvelles violences. Appels à la retenue Le recours à la force contre les partisans de Morsi continue de susciter la préoccupation de plusieurs pays et organisations qui ont appelé toutes les parties à la retenue pour éviter un nouveau bain de sang. En Turquie, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui a dénoncé mercredi une opération "inacceptable" de la police contre les partisans de Morsi, a appelé jeudi le Conseil de sécurité de l'ONU à se réunir "rapidement" pour évoquer la situation en Egypte. "Ceux qui ne disent pas +oui+ à une telle réunion ne pourront jamais rendre compte de leur décision devant l'Histoire", a-t-il dit devant la presse à Ankara. Le chef du gouvernement turc a aussi répété que l'Onu, la Ligue arabe et la communauté internationale en général, devaient immédiatement "passer à l'acte" pour prévenir davantage d'effusion de sang en Egypte, qualifiant de "très grave massacre" l'intervention des forces de l'ordre sur les places Rabaa al-Adawiya et Nahda. Pour sa part, la Chine a appelé jeudi toutes les parties en Egypte à "la retenue" et à résoudre leurs différends à travers le "dialogue". "La Chine suit de très près la situation en Egypte et est extrêmement préoccupée par le cours des événements dans le pays", a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Hong Lei. M. Hong a indiqué que son pays espérait voir toutes les parties "placer les intérêts du pays et du peuple au centre de leurs préoccupations et faire preuve de retenue pour éviter davantage de pertes en vies humaines". Quant au Danemark, il a annoncé jeudi qu'il suspendait son aide à l'Egypte. "Le Danemark a deux projets en collaboration directe avec le gouvernement et les institutions publiques égyptiens, et ils vont être désormais suspendus", a déclaré au quotidien Berlingske le ministre de l'Aide au développement Christian Friis Bach. "C'est une réaction aux événements sanglants et à la très regrettable tournure qu'a prise le développement de la démocratie", a-t-il ajouté. De son côté, la Russie a recommandé jeudi à ses ressortissants de s'abstenir de voyager en Egypte en raison des "troubles" qui touchent des zones touristiques. "Les affrontements et les troubles qui ont commencé dans la capitale se propagent rapidement vers d'autres villes égyptiennes y compris celles visitées par les touristes", a souligné le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch dans un communiqué. "Dans ces conditions le ministère recommande aux citoyens russes de s'abstenir de voyager en Egypte", selon la même source. A Paris, le président François Hollande a convoqué l'ambassadeur d'Egypte "pour qu'il transmette à ses autorités la très grande préoccupation de la France face aux évènements tragiques intervenus dans son pays", a indiqué un communiqué de l'Elysée. Lors de cette entrevue, M. Hollande a condamné "avec la plus grande fermeté" les violences sanglantes intervenues en Egypte et demandé un "arrêt immédiat de la répression", soulignant que l'état d'urgence décidé mercredi pour le Caire et la moitié des provinces égyptiennes "devait être levé rapidement", selon la même source. Mercredi, l'ONU, l'Union européenne (UE), les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Russie et d'autres pays ont condamné avec force les violences de mercredi en Egypte et exprimé leur inquiétude devant la tournure dramatique prise par les évènements.