Le conflit en Syrie dominera le sommet du G20 qui s'ouvre jeudi à Saint-Pétersbourg, avec un parfum de guerre froide, la Russie, en compagnie de plusieurs pays, étant opposée à une intervention militaire envisagée par les Etats-Unis qui affûtent leurs arguments pour tenter de former une coalition internationale. Le dossier syrien fera de l'ombre aux questions économiques, traditionnels débats du sommet. Le président américain Barack Obama arrivé dans la matinée dans l'ancienne capitale des tsars aura en face de lui son homologue russe Vladimir Poutine contre l'option militaire. Les deux dirigeants n'ont jamais connu de relations aussi tendues que lors des derniers mois. Obama avait même renoncé récemment à se rendre en Russie, synonyme d'un malaise entre les deux pays alimenté par l'affaire de l'ancien employé de l'agence de renseignements américaine (NSA) Edward Snowden. Vladimir Poutine avait exigé mercredi que les Occidentaux présentent à l'ONU des "preuves convaincantes" de l'usage d'armes chimiques par le pouvoir en place à Damas, affirmant que son pays serait dans ce cas prêt "à agir le plus résolument et sérieusement possible". Barack Obama en quête de soutien La veille, la commission des Affaires étrangères du Sénat américain a approuvé un projet de frappes militaires "limitées" contre la Syrie, d'une durée maximale de 60 jours avec la possibilité de la prolonger à 90 jours, sans déploiement de troupes au sol. Mais il reste l'approbation des élus. La rentrée parlementaire américaine aura lieu lundi et chacune des deux chambres du Congrès, la Chambre des représentants à majorité républicaine et le Sénat à majorité démocrate, devrait commencer à débattre cette semaine-là. La version adoptée la veille par la commission du Sénat précise, comme l'exigeait le républicain John McCain, que la politique officielle des Etats-Unis vise à "changer la dynamique sur le champ de bataille en Syrie". "Tant que Bachar al-Assad n'est pas persuadé qu'il va perdre, il sera impossible de négocier avec lui un accord pacifique ou son départ du pouvoir", a lancé l'influent sénateur républicain John McCain. Barack Obama qui s'est dit persuadé que le Congrès voterait en faveur du projet doit également convaincre ses alliés notamment après le refus britannique de s'engager en Syrie. La France s'est prononcée pour la démarche américaine mais sa classe politique semble toujours divisée sur l'utilité d'une telle démarche. Si pour le Parti socialiste (PS, au pouvoir) "il nÆest pas possible de fermer les yeux" devant l'attaque aux armes chimiques imputée au régime syrien, l'opposition conduite par l'Union pour le Mouvement populaire (UMP) demande d'attendre les conclusions des inspecteurs de l'ONU. Washington aura fort à convaincre de lancer une telle opération qui risque de se faire en dehors du cadre du Conseil de sécurité de l'ONU, Moscou et Pékin étant contre l'idée de frappe. La Maison blanche dit être convaincue de la culpabilité de Damas dans l'attaque présumée aux armes chimiques, ajoutant détenir des preuves collectées par ses services de renseignements. La Russie a mis en garde que l'intervention militaire risque même de compromettre la tenue de la conférence de Genève II, porteuse d'espoir pour trouver une solution pacifique au conflit. A cet effet, l'envoyé spécial des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est attendu à Saint-Pétersbourg, pour tenter en marge du sommet du G20 de promouvoir la tenue de la conférence internationale pour la paix en Syrie. Cette conférence internationale devrait réunir autour d'une même table des responsables du régime syrien et de l'opposition pour tenter de trouver une solution politique négociée entre les deux parties. Damas promet de riposter Alors que les frappes occidentales semblent de plus en plus proches, le gouvernement syrien a prévenu qu'il riposterait à toute attaque contre le pays. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad a assuré que le gouvernement "a pris toutes les mesures" pour faire face à une "agression" et qu'il "ne changera pas de position" à cet égard. "La Syrie, en vertu de la charte de l'ONU, a le droit de riposter à une telle agression qui n'a aucune justification dans le droit international", a précisé le vice-ministre syrien. "Personne ne peut prédire la situation dans la région après le début de cette agression", a-t-il prévenu en soulignant que "l'Iran, la Russie, l'Afrique du Sud et des pays arabes ont refusé cette agression et sont prêts à faire face à cette guerre que vont déclarer les Etats-Unis et ses alliés, y compris la France, contre la Syrie". Plus tôt, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a estimé que les Etats-Unis et leurs alliés utilisent les armes chimiques comme "un prétexte" pour attaquer la Syrie.