Le dossier de la Syrie reste posé sur la table des grandes puissances économiques et militaires, qui doivent se rencontrer dans la ville de Saint-Pétersbourg, en Russie, à l'occasion d'un somme du G20 tourné sur le débat entre partisans et adversaires de frappes militaires punitives contre Damas. Accusé sans que des preuves formelles soient divulguées ou prouvées, en attendant le rapport de la commission d'enquête onusienne, d'avoir gazé sa propre population d'un quartier de Damas, le régime syrien est plus que jamais sous la menace directe de frappes militaires de grande envergure que dirigeraient les Etats-Unis. Pour autant, la réponse syrienne est claire : la Syrie ne cèdera pas face aux menaces de frappe occidentale ''même en cas de troisième guerre mondiale'', a affirmé hier le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Moqdad, précisant que son pays avait pris "toutes les mesures" pour faire face à une éventuelle attaque et qu'il mobilisait ses alliés face à l'axe mené par les Etats-Unis et la France, qui cherchent à mettre en place une coalition pour mener des frappes contre la Syrie. "Le gouvernement syrien ne changera pas de position même s'il y a une troisième guerre mondiale. Aucun Syrien ne peut sacrifier l'indépendance de son pays", assure M. Moqdad. "Nous n'allons pas donner des informations sur la manière dont la Syrie va riposter (...) La Syrie a pris toutes les mesures pour riposter à une telle agression", a affirmé le ministre. "Personne ne peut prédire la situation dans la région après le début de cette agression", a prévenu M. Moqdad, selon lequel Damas est en train de mobiliser ses alliés face à Washington et ses alliés. "Les Etats-Unis mobilisent actuellement leurs alliés en vue d'une agression contre la Syrie. Je pense que, de son côté, la Syrie a le droit de mobiliser ses alliés et que ces derniers lui offrent toutes sortes de soutien", a-t-il dit sans autres détails. "L'Iran, la Russie, l'Afrique du Sud et des pays arabes ont refusé cette agression et sont prêts à faire face à cette guerre que vont déclarer les Etats-Unis et leurs alliés, y compris la France, contre la Syrie", a indiqué M. Moqdad. WASHINGTON MAINTIENT LE CAP, MOSCOU EGALEMENT Pour Washington, il est évident que des frappes militaires contre des cibles en Syrie sont inéluctables, et que la décision d'une telle mesure revient au Parlement. Pour le président Barack Obama, la "crédibilité" de la communauté internationale était engagée en Syrie et qu'elle ne devait pas rester "silencieuse" face à la "barbarie" dans ce pays. "Nous avons bien sûr discuté de la violence épouvantable qui est infligée aux Syriens par le régime de Bachar Al-Assad, dont le recours effroyable à des armes chimiques il y a deux semaines", a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse avec le chef du gouvernement suédois Fredrik Reinfeldt à Stockholm. De son côté, et même s'il n'a pas eu le ''quitus'' du Parlement, le Premier ministre britannique David Cameron a appelé hier mercredi les Etats-Unis à agir contre le régime syrien, craignant qu'en l'absence de réaction, il n'y ait de nouvelles "attaques aux armes chimiques perpétrées par le régime" de Bachar Al-Assad. Barack Obama "a établi une ligne rouge très claire qui est qu'en cas d'attaque de grande ampleur aux armes chimiques, quelque chose devait être fait", a déclaré le Premier ministre britannique devant le Parlement. Il ajoute que ''aujourd'hui, nous savons que le régime (syrien) a utilisé des armes chimiques à au moins 14 reprises dans le passé". Pour autant, la Russie reste inflexible, et exige les preuves de ce bombardement aux armes chimiques qu'"aurait commis le régimpe syrien. Le président russe Vladimir Poutine avait exigé mardi que les Occidentaux présentent à l'ONU des "preuves convaincantes" de l'usage d'armes chimiques par le pouvoir, affirmant que son pays serait dans ce cas prêt "à agir le plus résolument et sérieusement possible". Il a mis en garde le Congrès américain contre l'approbation de frappes en Syrie qui constitueraient une "agression" si elles avaient lieu "en dehors du cadre des Nations unies". Si le Congrès américain qui examine l'autorisation d'un recours à la force contre le régime de Damas donnait son feu vert à des frappes, les Etats-Unis "autoriseraient une agression, car tout ce qui se fait en dehors du Conseil de sécurité de l'ONU est une agression, à l'exception de l'autodéfense", a-t-il ajouté. Mais, il a ajouté que la Russie avait suspendu ses livraisons de systèmes de missiles S-300 à la Syrie, indiquant toutefois que certains composants avaient déjà été fournis à Damas. LES PARLEMENTAIRES US SUR LE PIED DE GUERRE Pour soutenir le président Obama, un nouveau projet de résolution parlementaire a été élaboré mardi au Sénat américain pour l'autoriser à lancer des frappes militaires en Syrie pendant 60 jours, avec une extension possible à 90 jours. Cette version du texte autorisant le recours à la force contre le régime syrien remplacerait celle envoyée au Congrès par la Maison-Blanche samedi, et qui était considérée comme donnant trop de latitude au président. "La commission des Affaires étrangères du Sénat a élaboré une autorisation du recours à la force militaire qui reflète la volonté et les inquiétudes des démocrates et des républicains", a annoncé le président de la commission, le démocrate Robert Menendez, dans un communiqué, selon lequel ce texte "n'autorise pas l'utilisation des forces armées américaines sur le sol en Syrie dans le but d'opérations de combat".