Des parlementaires et politiques marocains, sahraouis et algériens ont pris part jeudi à Paris à une audition par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) visant à débattre de la contribution parlementaire à la résolution du conflit au Sahara occidental. Tout en concédant que l'Union européenne, à travers son Assemblée parlementaire, ne dispose pas de "baguette magique" pour trouver une solution toute prête à un conflit que l'Onu n'a pu encore régler, la Rapporteure de l'APCE, Liliane Maury-Pasquier, s'est dit "convaincue" que le fait de se rencontrer, d'échanger entre parlementaires est un "premier pas vers plus de démocratie, plus de respect des droits de l'Homme". "Ces deux aspects (démocratie et droits de l'Homme) constituent le coeur des valeurs du Conseil de l'Europe et c'est dans ce sens que je veux travailler sur le rapport que l'APCE m'a confié" pour trouver une issue au conflit du Sahara occidental, a-t-elle dit. Auparavant, le représentant du Front Polisario en France, Omar Mansour, a détaillé les trois raisons du refus par la partie sahraouie du "plan autonomiste" du Maroc, rappelant que le Sahara occidental est un Territoire non autonome, inscrit dans l'agenda de décolonisation de l'Onu et que la seule puissance administrante qui demeure reconnue par les Nations Unies est l'Espagne. "La présence marocaine (au Sahara occidental) est une occupation de facto", a-t-il affirmé, signalant "qu'aucun pays ne reconnaît la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental", et que "rien ne pourra remplacer le choix démocratique que le peuple sahraoui doit pouvoir exprimer librement, sans contraintes administratives ou militaires" lors d'un référendum d'autodétermination prévu depuis des décennies par l'Onu. Tout en se félicitant de la rencontre, M. Mansour a réaffirmé la disposition du Front Polisario à des "négociations sans préalables" avec le Maroc. "Or, pour applaudir, il faut deux mains et malheureusement le Maroc veut, jusqu'à maintenant, dicter et imposer la solution (autonomie) qu'il n'a pas réussi à imposer militairement pendant 17 ans de guerre", a-t-il déploré. Répondant à une parlementaire marocaine selon qui l'option de référendum d'autodétermination aurait été rejetée par l'Onu, le représentant du Front Polisario a imputé au Maroc ce refus. "Ce n'est pas le recensement des votants qui posait problème, opération qui a été d'ailleurs menée et a donné lieu à une liste des électeurs, du temps de l'envoyé spécial pour la Sahara occidental, James Baker, mais le Maroc a refusé cette démarche, craignant un vote massif en faveur de l'autodétermination, en cas de scrutin libre", a-t-il précisé. Intervenant en qualité d'invité à cette rencontre, le membre du Conseil de la Nation, Djamel Ould Abbès, a affirmé que l'Algérie "n'est pas un interlocuteur" dans le conflit au Sahara occidental. "L'Algérie est un pays d'accueil de près de 200 000 réfugiés (sahraouis). L'Algérie n'est pas le porte-parole du Front Polisario. Le problème est entre le Royaume du Maroc et le Polisario", a-t-il affirmé. L'audition des parlementaires et politiques sahraouis et marocains à Paris intervient à quelques jours d'une visite d'information de la Rapporteure de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), Liliane Maury-Pasquier, début octobre en Algérie, devant lui permettre de "compléter" un rapport sur la contribution parlementaire européenne à la résolution du conflit du Sahara occidental. Cette visite, attendue du 6 au 9 octobre à Alger puis dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf, intervient après celle effectuée par Mme Pasquier du 21 au 24 mai dernier à Rabat et El Ayoune occupée.