LE MANS (France) - La 36e conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) s'ouvre vendredi après-midi au Mans, dans un contexte marqué par une recrudescence des violations flagrantes des droits de l'homme, des disparitions forcées et du pillage des ressources naturelles au Sahara occidental. Près de 400 délégués, en provenance d'Afrique, d'Amérique, d'Asie, d'Europe et d'Océanie, sont attendus à cette rencontre internationale, convoquée à l'initiative de l'Association des amis de la RASD. L'Algérie sera représentée par une forte délégation, composée de parlementaires, de représentants du Comité national de soutien au peuple sahraoui (CNASPS), des Scout musulmans algérien (SMA) et du comité du Croissant rouge algérien (CRA). Cette conférence sera inaugurée conjointement par le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), secrétaire général du Front Polisario, Mohammed Abdelaziz, et le président de l'EUOCO, Pierre Galland. Elle intervient à un moment où la population sahraouie clame de plus en plus son désarroi et sa révolte face à une répression féroce exercée par les autorités d'occupation marocaines qui refusent de reconnaître la justesse des revendications exprimées. Elle se tient aussi dans un contexte de blocage et d'intransigeance du Maroc pour contrarier les efforts de l'Onu pour un règlement juste du conflit du Sahara occidental, de violations des droits humains, de pillage des ressources naturelles du pays et du statu quo imposé au processus de règlement. Cette conférence se déroule également à un moment aussi où la communauté internationale fait preuve d'inertie et d'aveuglement face à une occupation illégale des territoires sahraouis, au mépris de la légalité internationale. Le président de la RASD avait donné le ton jeudi, lors de la conférence tenue à l'Assemblée nationale française, en préambule à celle de l'EUCOCO, en présence de parlementaires d'Afrique, d'Amérique Latine et d'Europe, affirmant que l'Europe avait une "grande responsabilité" dans la pérennisation du conflit et qu'elle "fermait les yeux devant la situation désolante de pillage des ressources naturelles du territoire et de violations flagrantes des droits de l'homme". Le président de l'EUCOCO, a révélé, de son côté, que l'Union européenne, a décidé de réduire de 40% l'aide qu'elle accordait au peuple sahraoui. A l'heure actuelle, de nombreux militants sahraouis des droits de l'homme croupissent dans les geôles marocaines sans jugement. Plusieurs prisonniers politiques sahraouis sont disséminés dans les prisons marocaines et sont condamnés à de lourdes peines dans des procès iniques et expéditifs pour avoir réclamé le droit à l'autodétermination que leur confère le droit international. Cette conférence de solidarité intervient aussi dans un contexte de marginalisation permanente de milliers de Sahraouis qui ont opté pour une nouvelle forme de résistance et décidé depuis le début du mois d'octobre de s'exiler collectivement pour vivre dans des camps de fortune à l'extérieur des villes d'El-Ayoun, Smara et Boujdour. Aujourd'hui, ils sont plus de 20.000 Sahraouis répartis sur près de 8000 tentes, vivant dans une situation de réfugiés sur leur propre terre, privés d'eau, de nourriture et de soins. Un immense sit-in de protestation contre la pauvreté et la marginalisation se déroule dans le camp de l'"indépendance", pour interpeller le Haut commissariat aux droits de l'homme des Nations unies sur la situation périlleuse de ces milliers de Sahraouis. Face à cette situation intenable, la conférence de l'EUCOCO, ne manquera pas de lancer un appel pressant à la communauté internationale pour imposer des sanctions efficaces à l'encontre du Maroc, pour l'obliger à mettre fin à son occupation illégale des territoires sahraouis. Le Front Polisario et le Maroc ont engagé en juin 2007 des négociations directes sous l'égide de l'Onu, dont quatre rounds ont eu lieu, depuis, à Manhasset près de New York, sans aboutir à une avancée réelle, du fait de l'intransigeance du Maroc, qui enfreint délibérément les résolutions onusiennes en cherchant à ne négocier que sur la base de sa seule proposition, qui devient ainsi un préalable. Le but des négociations défini par le Conseil de sécurité est de parvenir à une solution politique au conflit du Sahara occidental qui respecte le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Un cinquième round de pourparlers doit avoir lieu à une date qui reste à déterminer. Une troisième rencontre informelle entre les deux parties en conflit est prévue début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, qui vient d'achever une tournée dans la région pour convaincre les deux parties en conflits (Maroc et Front Polisario) de reprendre les négociations. Les positions des parties demeurent très éloignées sur les moyens de parvenir à un règlement politique juste, durable et mutuellement acceptable prévoyant l'autodétermination du peuple sahraoui. Le Maroc veut imposer sa proposition d'"autonomie" du Sahara occidental, sous sa souveraineté et refuse de discuter de toute autre option, se plaçant à contrario des résolutions des Nations unies qui insistent sur "une solution politique" garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Le Front Polisario, qui rejette la proposition marocaine, parce qu'elle consacre "le fait accompli" au Sahara occidental occupé depuis plus de 35 ans par le Maroc, demande l'organisation d'un référendum d'autodétermination, sous l'égide de l'ONU, qui laisserait aux électeurs sahraouis le choix entre trois options: rattachement au Maroc, indépendance ou autonomie sous souveraineté marocaine. Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non autonome par l'ONU depuis 1966. La ville du Mans, située à 200 km de Paris, a été jumelée en 1982 avec Haouza, daïra de Smara et première ville du Sahara occidental libérée par les soldats de l'Armée populaire de libération sahraouie (ALPS) en 1979. Elle a accueilli une première fois, en 1991, la Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui. La 35e conférence de l'EUCOCO s'est déroulée il y a un an dans la ville espagnole de Barcelone.