Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 ont achevé, vendredi à Saint-Pétersbourg, leur sommet marqué par des divergences sur la crise syrienne notamment entre la Russie, opposée à toute frappe occidentale contre Damas, et les Etats-Unis, partisans de représailles militaires. Onze pays menés par les Etats-Unis ont réclamé dans leur communiqué final une "réponse internationale forte" contre Damas, responsable, selon eux, de l'utilisation d'armes chimiques contre sa population, ce que les autorités syriennes ne cessent de démentir. L'option militaire en Syrie, voulue par le président Barack Obama, n'est pas clairement évoquée dans l'appel, mais les signataires jugent que "le monde ne peut pas attendre indéfiniment". Les pays non signataires de cet appel, dont l'Allemagne, se retrouvent de facto ralliés à la Russie, fermement opposée à toute frappe militaire contre Damas. Moscou et Washington campent sur leur position Les président Barack Obama et Vladimir Poutine se sont vus en tête à tête vendredi, au lendemain du dîner officiel du G20. "Nous nous sommes rencontrés avec le président américain aujourd'hui", a déclaré M. Poutine lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet qui s'est tenu pendant deux jours à Saint-Pétersbourg. "Nous avons parlé assis, la conversation a duré 20 à 30 minutes", a précisé M. Poutine. "La conversation a été constructive, significative, cordiale. Chacun est resté sur sa position", a-t-il ajouté. Le président russe refuse l'idée d'une intervention militaire contre Damas, voulue par Barack Obama en réaction à l'attaque chimique présumée du 21 août dont il accuse le gouvernement syrien, accusations rejetées par ce dernier qui impute cet acte aux rebelles. Pour sa part, le président Obama, qui cherche à obtenir le feu vert du Congrès américain à une intervention militaire en Syrie, a annoncé vendredi qu'il s'adresserait mardi prochain aux Américains sur le sujet. "Dans les jours à venir, je continuerai de mener des consultations avec mes homologues dans le monde entier et au Congrès. Et je tenterai de défendre de mon mieux la nécessité d'une action appropriée", a déclaré M. Obama lors d'une conférence de presse à l'issue du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. "Et je prévois de m'adresser aux Américains depuis la Maison Blanche mardi", a-t-il ajouté. Le Congrès doit commencer lundi à débattre des frappes voulues par Barack Obama en réaction à l'attaque chimique présumée du 21 août en banlieue de Damas. M. Obama a, par ailleurs, confirmé avoir eu des discussions sur la situation en Syrie en marge du G20 avec le président Poutine, qui conteste la responsabilité du gouvernement syrien dans l'attaque chimique. "La discussion était franche et constructive", a dit le président des Etats-Unis. Damas prône la diplomatie Le président du Parlement syrien a exhorté les parlementaires américains à ne pas autoriser de frappe militaire contre son pays. "Nous vous demandons de ne pas prendre de mesure irréfléchie, alors que vous avez le pouvoir de pousser les Etats-Unis à quitter la voie de la guerre pour celle de la diplomatie", a écrit Jihad al-Lahham aux élus américains, selon l'agence de presse Sana. "Toute intervention militaire serait illégale car la Syrie est un pays souverain et ne représente aucune menace pour les Etats-Unis, et le Conseil de sécurité (des Nations unies) n'a pas autorisé de frappes", a ajouté le chef du Parlement syrien qui demande que sa lettre soit transmise à chaque élu américain avant le début des discussions sur ce sujet prévues lundi. Le 1er septembre, Damas avait déjà appelé le Congrès américain à "montrer sa sagesse" en ne donnant pas son feu vert pour des frappes en Syrie. "Les allégations (américaines) sur l'utilisation par la Syrie des armes chimiques n'ont aucun fondement", avait alors estimé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad. Les échantillons biomédicaux et environnementaux prélevés par l'équipe d'experts des Nations Unies sur le site d'une attaque présumée à Ghouta, en banlieue de Damas, sont actuellement en cours d'analyse par quatre laboratoires européens.