Les moyens employés par Washington en vue de protéger la population civile en Syrie ne font que porter atteinte à cette dernière, a estimé Konstantine Dolgov, délégué aux droits de l'Homme du ministère russe des Affaires étrangères. "Nous rejetons le principe de "protection" de la population civile qui ne prend pas en compte les préjudices portées à cette dernière. Nous nous rappelons les événements tragiques liés à l'emploi illégitime de la force à l'encontre de l'ex-Yougoslavie (...). La voie la plus courte pour faire respecter les droits de l'homme et mettre un terme aux souffrances du peuple syrien consiste à parvenir à un régement politique par le biais d'un dialogue entre les parties en conflit", a déclaré M.Dolgov dans une interview à la chaîne de télévision Rossiya 24. Samedi 31 août, le président américain Barack Obama a demandé au Congrès de donner le feu vert à une opération militaire contre le régime de Bachar el-Assad en réponse à l'attaque chimique présumée perpétrée le 21 août dernier dans une banlieue de Damas. Selon un rapport du renseignement US, l'attaque en question a fait au moins 1 429 morts, dont 426 enfants. Les autorités syriennes affirment pour leur part n'avoir jamais utilisé de gaz de combat contre les civils.
Des frappes pourraient reporter à jamais une conférence de paix La Russie a estimé, hier, que des frappes américaines en Syrie pourraient reporter pour longtemps, voire à jamais la tenue d'une conférence de paix, et jugé que les informations avancées par Washington pour justifier une telle action n'étaient absolument pas convaincantes. Si l'action annoncée par le président américain (Barack Obama), au grand regret de nous tous, a lieu, cela va reporter pour longtemps, voire à jamais, les perspectives de cette conférence de paix dite Genève-2, a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse avec son homologue sud-africaine Maite Nkoana-Mashabane, en visite à Moscou. A la suite d'une attaque à l'arme chimique dans la banlieue de Damas le 21 août, attribuée par les Américains au régime du président Bachar al-Assad, Barack Obama a demandé au Congrès américain de voter en faveur de frappes aériennes en Syrie. L'administration américaine a rendu public la semaine dernière un rapport des services de renseignement énumérant un faisceau d'éléments prouvant selon Washington l'implication de responsables syriens dans cette attaque qui a fait des centaines de morts. La veille, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a assuré que les Etats-Unis avaient reçu et analysé des échantillons prouvant l'utilisation de gaz sarin dans cette attaque qu'il a une nouvelle fois attribuée au régime de Damas. Mais M. Lavrov a indiqué que la Russie n'était absolument pas convaincue par ces informations. On nous a montré quelques images où il n'y a rien de concret: ni cartes géographiques ni noms, il y a là de nombreuses incohérences, a déclaré M. Lavrov plus tôt dans la journée, lors d'une allocution devant le prestigieux institut des relations internationales de Moscou (MGIMO). Les images sur Internet concernant cette attaque chimique soulèvent beaucoup d'interrogations, a-t-il ajouté. S'il s'agit de véritables images sur une attaque chimique et des victimes, il y a là nombre d'incohérences et d'absurdités, a estimé M. Lavrov. Ce que nous ont montré par le passé et plus récemment nos partenaires américains, ainsi que les Britanniques et les Français, ne nous convainc absolument pas, a-t-il ajouté. Et quand on demande davantage de détails, ils disent que tout est secret et qu'ils ne peuvent pas le montrer, a encore dit M. Lavrov. Sur le plan diplomatique, Russes, Américains et l'ONU s'efforcent depuis plusieurs mois de mettre sur pied une conférence de paix dite Genève 2, qui doit offrir une solution politique négociée entre Damas et la rébellion. Cette conférence doit reprendre les lignes d'un accord international signé à Genève le 30 juin 2012, mais jamais appliqué, dessinant les contours d'une transition politique en Syrie.
Pékin préoccupé par d'éventuelles frappes unilatérales La Chine est sérieusement préoccupée par d'éventuelles frappes unilatérales sur la Syrie et appelle la communauté internationale à attendre la fin de l'enquête menée par l'ONU avant de formuler des conclusions sur l'usage d'armes chimiques dans ce pays, a annoncé hier le porte-parole de la diplomatie chinoise Hong Lei. "La Chine exprime sa préoccupation profonde au sujet des préparatifs engagés par certains pays en vue de lancer des actions militaires unilatérales contre la Syrie", a souligné le diplomate. Washington a publié vendredi la version abrégée d'un rapport du renseignement américain qui rejette sur le gouvernement syrien la responsabilité du massacre chimique perpétré le 21 août dans une banlieue de Damas. Aux termes du rapport, cette attaque a fait 1.429 morts. Le président Barack Obama a officiellement demandé au congrès d'avaliser une opération militaire contre le gouvernement syrien. M. Lei a répété que la Chine soutenait la décision de l'ONU d'effectuer une enquête indépendante, objective, juste et compétente sur l'utilisation d'armes chimiques en Syrie. Un groupe d'expert des Nations unies est arrivé fin août sur le lieu de l'attaque chimique présumée. D'après l'ONU, le traitement des données recueillies par les experts demandera au moins trois semaines.
Damas demande à l'ONU d'empêcher des frappes américaines La Syrie a demandé à l'ONU d'empêcher toute agression contre son territoire après que Barack Obama a réaffirmé son intention de mener des frappes contre Damas. Alliée indéfectible du régime, la Russie a envoyé un navire de reconnaissance en Méditerranée orientale. Dans une lettre au secrétaire général Ban Ki-moon et à la présidente du Conseil de sécurité Cristina Perceval, le représentant permanent de la Syrie à l'ONU Bachar Dja'afari demande à M. Ki-moon d'assumer la responsabilité d'empêcher toute agression contre la Syrie et de favoriser une solution politique à la crise en Syrie". Il estime que le Conseil de sécurité doit "rester dans son rôle de garant de la sécurité en empêchant tout recours absurde à la force en dehors de la légitimité internationale".