L'ONG internationale Reporters Sans Frontières (RSF) a réclamé la libération "immédiate" du responsable du site arabophone marocain Lakome, arrêté mardi pour avoir diffusé une vidéo attribuée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). "Nous exigeons la libération immédiate de Ali Anouzla qui a publié cette vidéo dans un but purement informatif. Il est inadmissible qu'un journaliste soit poursuivi pour son travail d'information et que les ordinateurs de la rédaction de Lakome aient été saisis", a déclaré L'ONG sur son site internet, prévenant qu'en cas de poursuites engagées à l'encontre du journaliste, elle sera "attentive à ce que l'investigation respecte scrupuleusement les principes d'une enquête indépendante dans une affaire où la liberté d'expression est clairement mise en cause". Dans un communiqué du parquet de Rabat, publié le 17 septembre, le procureur général du roi avait déclaré que "suite à la diffusion par le journal électronique Lakome d'une vidéo attribuée à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), comprenant un appel clair et une incitation directe à commettre des actes terroristes dans le Royaume du Maroc, le parquet général a donné ses instructions à la police judiciaire pour procéder à l'arrestation du responsable du dit journal électronique pour enquête". Les locaux du portail informatique ont été inspectés par la police judiciaire, qui a saisi les unités centrales des ordinateurs et a interrogé les journalistes sur place. Le journaliste a été placé en garde à vue à la brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca, en charge des affaires terroristes. RSF indique avoir contacté l'avocate du journaliste qui lui a déclaré "n'avoir pas été autorisée par le procureur général à entrer en contact téléphonique ou physique avec son client avant demain, vendredi". Réagissant à l'arrestation de son responsable, la direction du site Lakome a rappelé que la diffusion de vidéos d'Aqmi est "une pratique constatée dans les médias internationaux. (...) La vidéo d'Aqmi avait par exemple été relayée sur le site d'informations Huffington Post (France) tandis que des médias comme L'Express ou LCI publiaient un lien pour que leurs lecteurs puissent consulter cette vidéo sur Youtube". La vidéo, intitulée "Maroc : le royaume de la corruption et du despotisme", a été diffusée au cours de la semaine dernière sur différents supports électroniques avant d'être supprimée par Youtube pour "contenu violent". Ali Anouzla est connu pour ses articles critiquant la politique du gouvernement marocain et réclamant une plus grande liberté de la presse. Le journal Lakome avait notamment été le premier à révéler l'affaire dite "Danielgate" du pédophile espagnol, Daniel Galvn, gracié par erreur par le roi du Maroc.