Plusieurs partis politiques tunisiens ont réaffirmé vendredi leur attachement à la feuille de route proposée par le quartette à la veille du lancement samedi d'un "dialogue national" entre la coalition au pouvoir dirigée par le parti islamiste Ennahda et l'opposition pour sortir de la crise déclenchée après l'assassinat d'un opposant en juillet, indique-t-on de sources officielles. Ces partis appellent les parrains du dialogue à "réviser la liste des participants au dialogue, de manière à englober les partis non-représentés" à l'Assemblée nationale constituante (ANC), a rapporté l'agence d'information officielle TAP. Il s'agit, ont-ils estimé, de conférer une plus grande crédibilité à cette initiative et d'accroître les chances de sa réussite. Dans une déclaration, les signataires soulignent que les documents fuités sur l'assassinat politique de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi viennent confirmer "la responsabilité politique et morale" du gouvernement à ce sujet et constituent un nouvel argument valable pour sa démission. Cette déclaration intervient à l'issue d'une réunion de concertation qui a eu lieu, jeudi, avec la participation du Parti Républicain, du Parti du travail national démocratique, du Parti du travail tunisien, du Mouvement Echaab et de l'Alliance démocratique. La feuille de route est préparée par le quartette (les quatre organisations parrainant le dialogue qui sont l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), l'Ordre national des avocats et la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH)), afin de sortir de la crise politique qui sévit dans le pays. Le Secrétaire général adjoint de l'UGTT Bouali M'barki a annoncé jeudi soir, le démarrage, demain samedi, du dialogue national entre la coalition au pouvoir dirigée par le parti islamiste Ennahda et l'opposition pour sortir de la crise déclenchée après l'assassinat de l'opposant Brahmi en juillet. Dans une déclaration à la TAP, M'barki a précisé que le dialogue démarrera sur la base de la feuille de route et la mise en application de ses dispositions, en vue de faire sortir le pays de la crise politique. Alors que la presse tunisienne se montrait elle dubitative vendredi à la veille du lancement du dialogue national. "Les Tunisiens sont aujourd'hui suspendus aux lèvres des acteurs politiques, protagonistes du dialogue national... ce dialogue aboutira-t-il à une solution salvatrice ?", s'interroge le journal francophone Le Quotidien, après deux mois de bras de fer entre pouvoir et opposition sur une éventuelle démission du gouvernement. Le "dialogue national" qui débute samedi "représente le dernier espoir pour sortir de cette impasse", écrit le quotidien arabophone le Maghreb appelant les politiques "à travailler en laissant de côté leurs intérêts partisans étroits pour hisser haut le drapeau de la nation". "Enfin ils se sont mis d'accord pour être d'accord" sur la tenue de négociations, titrait en Une le quotidien Achourouk. L'opposition comme les islamistes disent avoir accepté une feuille de route préparée par les médiateurs du Quartette pour sortir de la crise politique provoquée par l'assassinat le 25 juillet du député Mohamed Brahmi. Ce document prévoit que dès la première réunion du dialogue national, le gouvernement dirigé par Ennahda annonce qu'il sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d'indépendants dont les membres seront choisis par consensus lors des pourparlers. Parallèlement, les acteurs politiques devront se mettre d'accord pour que l'ANC approuve dans un délai d'un mois une loi et une commission électorale, fixe le calendrier des scrutins à venir et adopte la Constitution dont l'élaboration est en panne. Les désaccords sur ces questions entre partisans et opposants des islamistes, entravent la mise en place d'institutions stables plus de deux ans et demi après la révolution de 2011 et près de deux ans après l'élection de l'ANC.