Bras de fer - La centrale syndicale UGTT a annoncé hier lundi prévoir des manifestations «pacifiques» pour pousser la coalition au pouvoir, dirigée par les islamistes, à accepter une feuille de route destinée à résoudre la crise politique déclenchée fin juillet par l'assassinat d'un député. L'UGTT, qui conduit une médiation pour sortir de l'impasse politique, n'a pas fixé de date pour cette campagne de protestation, mais elle prévoit une "grande manifestation nationale pacifique" à Tunis et des rassemblements dans toutes les régions tunisiennes. Le syndicat, qui entretient des relations tendues avec les islamistes d'Ennahda, a promis de coordonner ses actions avec les trois autres médiateurs de la crise politique, le patronat Utica, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et l'Ordre national des avocats. "Nous avons décidé d'activer toutes les formes de protestations civiques et pacifiques dans tous les secteurs", a résumé l'UGTT dans un communiqué. Les médiateurs de la crise politique, déclenchée par l'assassinat fin juillet de l'opposant Mohamed Brahmi, accusent Ennahda de maintenir l'ambiguïté sur la feuille de route proposée à l'opposition et au pouvoir pour sortir de la crise politique. La feuille de route demande aux deux camps de se réunir pour "un dialogue national" avec le président Moncef Marzouki et le Premier ministre Ali Larayedh pour annoncer solennellement que le gouvernement dirigé par Ennahda sera remplacé sous trois semaines par un cabinet d'indépendants. Parallèlement la Constitution doit enfin être adoptée et un calendrier électoral fixé. Mais l'UGTT estime qu'Ennahda "a tout fait pour faire échouer l'initiative" et a "induit en erreur l'opinion publique via les médias en prétendant avoir accepté notre initiative alors qu'il a détruit la moitié de la feuille de route". Le mouvement Ennahda a pour sa part rejeté les accusations de l'UGTT réaffirmant samedi son "acceptation de l'initiative" et appelant "à entamer un dialogue immédiat pour s'entendre sur les détails des différentes dimensions de la rédaction de la Constitution, le calendrier des élections et la formation gouvernement". Deux mois après l'assassinat par balles de l'opposant Mohamed Brahmi, le bras de fer entre le gouvernement et l'opposition qui réclame son départ continue, malgré plusieurs tentatives de médiation. Faute de Constitution et de loi électorale 23 mois après l'élection de l'ANC et deux ans et demi après la révolution de janvier 2011, la Tunisie est toujours privée d'institutions pérennes et de calendrier électoral.