Les parties tunisiennes qui parrainent le dialogue sous la conduite de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), ont accusé samedi la troïka au pouvoir, dirigée par Ennahda, de tenter de paralyser leurs efforts pour sortir de l'impasse qui dure depuis plusieurs mois. Le mouvement islamiste Ennahda a indiqué vendredi "accepter" la feuille de route proposée par l'UGTT, soulignant la nécessité d'"adopter" la constitution dans trois semaines et de "fixer" le calendrier des élections dans un délai ne dépassant pas six mois à compter de la date de l'installation de l'instance indépendante électorale. Lors d'une conférence de presse, le secrétaire général de l'UGTT (principal parrain du dialogue), Hocine Abassi, a estimé que la position d'Ennhada était "ambiguë" car ne comportant pas une réponse claire aux revendications. Celles-ci concernent la démission du gouvernement actuel, la formation d'un autre composé de technocrates et la définition des missions de l'Assemblée nationale constituante (ANC). L'initiative des quatre organisations qui parrainent le dialogue entre la coalition au pouvoir et l'opposition s'articule autour de la démission de l'actuel gouvernement dans un délai de trois semaines à compter de l'amorce du dialogue national et son remplacement par un autre composé de technocrates neutres dont la présidence sera confiée à une personnalité indépendante et, enfin la reprise des activités de l'ANC pour finaliser la constitution et la loi électorale. D'autre part, le responsable de la centrale syndicale tunisienne a souhaité "avoir une réponse au sujet de cette initiative dans les heures ou jours qui viennent dans le seul souci de sauver le pays". "La porte reste ouverte à toutes les parties n'ayant pas encore accepté l'initiative", a-t-il dit avant de noter la "nécessité" de la tenue du dialogue national pour l'application de la feuille de route. La feuille de route a été élaborée par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) en collaboration avec l'organisation du patronat, l'Ordre national des avocats et de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme. Depuis l'assassinat le 25 juillet dernier de l'opposant Mohamed Brahmi, la crise politique en Tunisie a pris de l'ampleur et ce, six mois seulement après l'assassinat de l'opposant de gauche, Chokri Belaid, le 6 février dernier. La tension est, elle aussi, montée d'un cran, entre la troïka et les forces de l'opposition au sujet de la feuille de route qui porte essentiellement sur la démission du gouvernement et son remplacement par un autre de technocrates neutres ainsi que la reprise des activités de l'ANC pour finaliser la constitution et parachever la période de transition. L'opposition a refusé de négocier avec le mouvement Ennahda "tant que le gouvernement d'Ali Larayedh n'a pas été remplacé" par un gouvernement de technocrates. Ennahda campe de son côté, sur sa position quant à la "nécessité de parvenir à un consensus autour d'un nombre de questions dont le contenu de la prochaine constitution". 23 mois après l'élection de l'ANC, ni la constitution ni la loi sur les élections ne sont ficelées pourtant deux éléments indispensables à la tenue des élections générales et c'est cela qui a retardé l'"établissement d'institutions stables", selon des avis des forces de l'opposition.