Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH) a exhorté vendredi l'Union européenne à prendre des mesures pour prévenir d'autres tragédies suite au naufrage jeudi d'un navire au large de l'île italienne de Lampedusa, durant lequel plus de 100 migrants ont trouvé la mort par noyade alors que 200 personnes seraient toujours portées disparues. ''Nous appelons les autorités italiennes et l'Union européenne à redoubler d'efforts pour prévenir l'occurrence de telles situations à l'avenir'', a déclaré le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d'une conférence de presse. Les Etats ''doivent s'assurer qu'ils respectent leurs engagements, conformément au droit international des réfugiés'', a-t-il insisté. La veille, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la protection des migrants, François Crépeau, avait affirmé que ce nouveau naufrage était la conséquence directe d'une politique de "criminalisation de l'immigration clandestine" par l'UE. Intervenant au débat à l'Assemblée générale de l'ONU sur les migrations internationales, il a soutenu qu'en fermant leurs frontières, les pays européens ne font en réalité que "donner plus de pouvoir" aux passeurs et aux trafiquants d'êtres humains. ''Quelque chose va vraiment mal dans ce monde où les personnes en quête de protection doivent s'embarquer dans des traversées aussi périlleuses. Cette tragédie devrait servir de sonnette d'alarme. Davantage d'efficacité dans la coopération internationale est nécessaire afin de réprimer les passeurs et les trafiquants, tout en protégeant leurs victimes'', a insisté pour sa part le chef du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres. Selon le HCR, le bateau naufragé transportait près de 500 passagers Erythréens, dont 155 ont été secourus et 111 sont morts noyés, alors que les rapports des médias indiquent qu'environ 200 personnes seraient toujours portées disparues, mais les chances de retrouver des survivants sont faibles. ''Désormais, notre travail consiste essentiellement à fournir une assistance aux rescapés'', a déclaré la porte-parole du HCR, Melissa Fleming, qui a précisé que parmi eux, se trouvent 40 garçons non accompagnés, âgés de 14 à 17 ans, et six femmes qui sont ''épuisés et en état de choc''. D'après les témoignages des rescapés, le bateau avait quitté la Libye il y a 13 jours et transportait à son bord 500 personnes, dont la plupart ont embarqué à Misrata, avant d'être rejoints à bord par d'autres migrants à Zuwara, une ville située plus à l'ouest. Le bateau s'approchait de la côte italienne jeudi matin, quand son moteur s'est arrêté. Les passagers ont alors mis feu à des vêtements et couvertures dans l'espoir d'attirer l'attention d'autres bateaux, afin que leur soit porté secours. L'embarcation a finalement été repérée par un bateau de touristes qui a immédiatement donné l'alerte, avant qu'un navire de garde-côtes italiens n'arrive pour secourir les victimes.