Une rescapée arrivée à Lampedusa a raconté qu'une centaine de migrants transportés sur le même bateau qu'elle étaient morts de faim et de soif et avaient été jetés en mer. Au moins 1500 migrants partis de Libye sur des embarcations de fortune ont disparu pendant la traversée de la Méditerranée, depuis le début des combats en Libye à la mi-mars, a estimé hier la porte-parole du HCR en Italie, Laura Boldrini. «Il n'est pas possible de connaître le nombre de réfugiés morts en Méditerranée, mais il est certain qu'au moins 1500 ont disparu en tentant de rejoindre l'Europe depuis le début des combats en Libye à la mi-mars», a estimé Mme Boldrini, dans un entretien au journal Corriere della Sera. Une rescapée, arrivée jeudi à Lampedusa dans le sud de l'Italie, a raconté qu'une centaine de migrants transportés sur le même bateau qu'elle, parti vendredi dernier de Libye, étaient morts de faim et de soif et avaient été jetés en mer. Selon les autorités, ce bateau transportait plus de 300 migrants. Pour éviter de nouvelles tragédies, Mme Boldrini a préconisé «une amélioration de la collaboration entre les navires en Méditerranée». Les autorités italiennes ont demandé des explications à l'OTAN après avoir sollicité l'intervention d'un navire qui se serait trouvé dans la zone où dérivait l'embarcation et ne serait pas intervenu.Mme Boldrini ne s'est pas prononcée sur ces affirmations, mais elle a jugé nécessaire de «secourir ces embarcations de fortune même en l'absence de dangers évidents, comme un moteur en avarie ou tout autre problème». Selon la responsable du HCR, «ces derniers mois, environ 24 000 réfugiés sont arrivés de Libye». L'afflux s'est intensifié. Avant «ils partaient sur de petits bateaux pneumatiques qui ne pouvaient transporter que quelques dizaines de personnes». «Maintenant sur nos côtes arrivent d'énormes embarcations délabrées conduites par des marins sans expérience où s'entassent parfois jusqu'à 800 personnes», selon elle. En cas de problème, le bilan s'alourdit d'autant mais, a-t-elle noté, «les gens qui fuient les bombardements sont prêts à affronter aussi le risque de mourir». Mme Boldrini a souligné qu'«une partie seulement des migrants sont des réfugiés, alors que les autres sont des travailleurs originaires d'Afrique subsaharienne arrivés en Libye avant la guerre en quête d'un travail». Il faut donc, selon elle, prévoir un système d'accueil légal, car «ils obtiendront difficilement l'asile politique et risquent de devenir des clandestins».