ABEBA - Le président du Conseil exécutif de l'Union africaine (UA), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé, vendredi à Addis-Abeba, à l'élaboration d'un cadre africain sur la réconciliation nationale et la justice et à la finalisation du protocole sur l'établissement de la Cour de justice et des droits de l'homme en Afrique. Intervenant à l'ouverture de la 15e session extraordinaire du Conseil exécutif de l'UA, M. Tedros, également ministre des Affaires étrangères de l'Ethiopie, a exprimé le souhait de faire accélérer les travaux au sein de la Commission africaine sur l'élaboration d'un cadre africain de réconciliation nationale et de justice sur la base des instruments juridiques pertinents de l'UA. Il a aussi appelé à ce que le protocole sur l'établissement de la Cour de justice et des droits de l'homme en Afrique soit finalisé afin de "faire cesser, a-t-il dit, les violations flagrantes des droits de l'homme au sein de notre continent pour éviter toute ingérence extérieure dans nos affaires". M. Tedros a affirmé à cet égard que les Africains "doivent se référer" à la feuille de route de leur organisation, ajoutant que "nous devrions être en mesure d'évaluer les progrès qui ont été accomplis en termes de mise en œuvre". "Ceci nécessite la mise en place d'un groupe d'observateurs de haut niveau qui doit être très utile pour gérer les situations de violations des droits de l'homme sur le terrain et soumettre son rapport à l'UA", a-t-il précisé, ajoutant qu'il est "grand temps que nous réaffirmions notre propre processus de paix et de sécurité conformément à notre principe de fournir des solutions africaines à des problèmes africains". Le président du Conseil a par ailleurs affiché son étonnement quant à la manière avec laquelle la Cour pénale internationale "traite" l'Afrique et les Africains. "Ce traitement injuste laisse beaucoup à désirer", a-t-il regretté, affirmant que "loin de sa mission de promouvoir la justice et la réconciliation, la Cour s'est transformée en un instrument politique visant l'Afrique et les Africains". Il a indiqué à ce sujet que "nous refusons totalement ce traitement et exprimons nos préoccupations graves à la CPI, en particulier en ce qui concerne le Kenya". Le président kenyan Uhuru Kenyatta, le vice-président William Ruto et le journaliste Joshua Arap Sang sont actuellement accusés de crime contre l'humanité devant la CPI. Les chefs d'Etat africains présents au dernier sommet de l'UA avaient adopté une résolution invitant la CPI à renvoyer à la juridiction kenyane l'affaire de crime contre l'humanité impliquant ces trois personnes. Les dirigeants africains ont mandaté la commission de l'Union africaine pour présenter une objection à l'ONU à propos des procès de la CPI contre Uhuru et Ruto. Ils ont annoncé que 99% des cas traités par la CPI sont au détriment des Africains.