Le Front Polisario a réaffirmé, jeudi à New York, sa volonté ''inébranlable'' de coopérer avec l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, en vue de parvenir à une solution qui permette au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. Intervenant devant la Commission de l'ONU de décolonisation, qui tient son audition annuelle des délégations et pétitionnaires sur la question du Sahara occidental, le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, a réitéré la pleine coopération des Sahraouis en prévision de la tournée de M.Ross dans la région dans les prochains jours. M. Boukhari a, cependant, indiqué qu'il redoutait que M. Ross ne revienne à New York ''les mains vides'' compte tenu du refus du Maroc de coopérer pour l'émergence d'un processus de décolonisation ''ouvert et transparent''. Nature ''cruelle'' de l'occupation marocaine Soutenu par plusieurs intervenants au cours de cette audition, le représentant sahraoui a encore dénoncé l'occupation militaire d'une grande partie du Sahara Occidental par le Maroc ainsi que les abus et les violations des droits de l'homme commis par les autorités marocaines contre le peuple sahraoui. Sur ce dernier point, il a fait état de la découverte, en juin dernier, par des experts étrangers en médecine légale, de fosses communes où des Sahraouis avaient été enterrés après avoir été assassinés, selon l'expertise, avec une balle dans la tête et dans la poitrine. Cela rappelle, a-t-il poursuivi, les fosses communes de Srebrenica (Bosnie) où avaient été retrouvées, des années plus tard, plusieurs victimes de massacres commis en 1995. A ce propos, M. Boukhari s'est demandé si les 600 civils sahraouis disparus, depuis plusieurs années, n'auraient pas connu le même sort quelque part dans le désert. ''La nature brutale et inutilement cruelle'' de l'occupation marocaine est évoquée, a-t-il observé, non seulement par les ONG internationales mais aussi par des médias indépendants marocains. Sur le même chapitre, il a également déploré que les manifestations pacifiques dans les territoires sahraouis occupés continuent à être réprimées avec la même brutalité à travers la torture et d'autres abus tel que rapporté par les ONG internationales des droits de l'homme et confirmé par le Rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et le Rapporteur spécial du Parlement européen pour le Sahara Occidental et le Sahel. Dénonçant également les ''simulacres de procès'' des militants sahraouis dans les tribunaux militaires marocains, le représentant du Front Polisario a soutenu que tous ces actes de violation des droits de l'homme sont ''indignes d'un Etat qui veut avoir un siège au Conseil des droits de l'homme de l'ONU''. Pire encore, a-t-il poursuivi, avec de telles violations, il est incompréhensible que la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara Occidental (Minurso) soit privée du mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. M. Boukhari n'a pas manqué de fustiger le ''pillage'' continu des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc avec l'aide de l'Union européenne et d'autres pays. ''Nous nous trouvons confrontés à un mode de comportement qui défie le droit international et la Charte des Nations Unies en termes de principes, de valeurs et de résolutions'', a-t-il regretté. Obstruction ''systématique'' du Maroc pour la tenue d'un référendum Devant la Commission de décolonisation, le représentant sahraoui a affirmé que tous les peuples, dans des circonstances similaires, ont assumé leurs responsabilités pour protéger leur liberté et leur dignité contre la violence coloniale. Rappelant que le Front Polisario avait accepté de signer le cessez-le feu après l'engagement de l'ONU à déployer la Minurso au Sahara Occidental avec le mandat explicite d'organiser un référendum, M. Boukhari a rappelé que 22 années se sont, depuis, écoulées sans que le référendum promis n'ait encore eu lieu, et ce, en raison de ''l'obstruction systématique'' du Maroc. En fait, s'est-il indigné, ''la Minurso est prisonnière du Maroc et elle est dans l'incapacité de s'acquitter de son mandatápour lequel elle a été créée''. Appelant à mettre fin à ce ''scandale colonial'', le représentant sahraoui a, alors, invité l'ONU à examiner la question de la décolonisation du Sahara Occidental avec plus de détermination, à l'instar de l'Union africaine.