Son représentant aux Nations unies a accusé Rabat d'avoir ôté toute autorité à la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Le Makhzen est groggy. Les vents sont favorables aux Sahraouis pour remporter la bataille du respect de leurs droits. En attendant, celle à venir mais le plus ardue, de leur indépendance, les rapports du Centre Robert Kennedy et du rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, et pour la justice et les droits de l'homme qui ont recueilli des témoignages accablants qui attestent de la pratique de la torture et de la violence dans les territoires occupés ont ébranlé le pouvoir marocain. Celui du département d'Etat américain, qui a émis «de sérieuses inquiétudes» quant au respect des droits des populations sahraouies l'a laissé sans réaction. Le combat pour la mise en oeuvre d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme est en train de tourner en faveur du peuple sahraoui. Le terrain a été soigneusement déblayé. Le Front Polisario, qui joue presque sur du velours, cherche le KO. Le coup fatal vient d'être porté par son représentant aux Nations unies qui a pris la parole le 9 octobre devant la 4e Commission de l'ONU chargée des questions de décolonisation. Il a accusé le Maroc d'avoir ôté toute autorité à la Minurso. «LaMission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara occidental a été empêchée de mettre en oeuvre son mandat... même si elle se trouve encore dans les territoires sahraouis occupés, elle est, toutefois, forcée par le Maroc à y rester sans crédibilité et sans autorité», a souligné, mardi à New York, Ahmed Boukhari. Le diplomate sahraoui s'appuie sur le dernier rapport du Secrétaire général de l'ONU adressé au Conseil de sécurité pour étayer ses déclarations. Le document remis au SG de l'ONU par son représentant personnel faisait état de l'extraction d'aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et soulignait les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. «J'ai présenté dans mon rapport une série de défis qui démontrent que la Minurso n'est ni dans la capacité d'exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d'observation ni ne dispose de toute l'autorité pour contrecarrer l'effritement de son rôle...», avait écrit Christopher Ross dans un rapport examiné par le Conseil de sécurité, le 17 avril 2012, au sein duquel il signalait que le principe de neutralité de la Minurso «est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc». Rabat avait réagi en retirant sa confiance à l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara occidental. La partie marocaine «a décidé, en mai dernier, de mettre fin à sa coopération avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross» ce qui a eu pour conséquence de mettre en suspens le cycle de pourparlers informels entre Sahraouis et Marocains a rappelé le représentant du Front Polisario aux Nations unies qui a exhorté le Maroc à «coopérer pour faciliter la tenue du référendum d'autodétermination en vertu de l'engagement qu'il avait pris». Le Front Polisario, «s'est engagé à coopérer avec l'ONU pour rendre possible une solution pacifique et honorable...», a ajouté Ahmed Boukhari. La proposition sera-t-elle entendue? Possible. Toutefois pas avant que la tempête ne se soit calmée. Il n'est, cependant, pas dit que la position marocaine évolue d'ici là mais sait-on jamais.