La situation dans les territoires sahraouis occupés a franchi le Rubicon. Les villes occupées par les forces marocaines sont devenues un véritable enfer pour les Sahraouis, selon le chef du Polisario Mohamed Abdelaziz. Ce dernier qui intervenait à l'occasion d'une conférence internationale sur les droits de l'Homme, tenue dans la ville de Florence en Italie, soutient que ses compatriotes sont régulièrement torturés, exécutés sommairement, brûlés vifs et même jetés dans le vide depuis des hélicoptères de l'armée marocaine. «L'occupation militaire marocaine de notre pays s'est traduite par des crimes atroces tels qu'enterrer vivants des Sahraouis dans des fosses communes, les brûler vifs ou jetés des hélicoptères ou encore exécutés par balles ou sous la torture» témoigne le responsable du Polisario. Le président Sahraoui décrit une «situation atroce» dans les territoires annexés de force par le royaume chérifien depuis l'année 1975. «Depuis 2004, le Maroc ne cesse de dévoiler ses intentions de se soustraire à ses engagements internationaux en rejetant le referendum ou toute autre solution qui ne légitime pas son occupation illégale du Sahara occidental» a déclaré le président Sahraoui qui déplore, par ailleurs, l'incapacité de la communauté internationale à imposer des sanctions et exercer les pressions nécessaires. Face à cette situation, ajoute Mohamed Abdelaziz, il ne restait au peuple sahraoui que la résistance pacifique à travers notamment «l'intifadha de l'indépendance» déclenché le 21 mai 2005 et qui s'est heurtée à une répression féroce des forces d'occupation marocaines. «Le gouvernement marocain viole le droit international en occupant le Sahara Occidental et viole le droit international humanitaire par ses pratiques répressives éhontées attestées par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dont le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'Homme» affirme M. Abdelaziz, cité par l'APS. Le président sahraoui affirme, en outre, que son peuple fait face à de nombreux défis, dont la répression qui est perpétrée dans les territoires occupés, l'exil, la survie dans des camps de refugiés, les difficultés inhérentes à l'insuffisance de l'aide humanitaire et même la menace terroriste en rappelant notamment l'enlèvement de coopérants dans les camps de refugiés sahraouis. Mohamed Abdelaziz a mis, par ailleurs, en garde contre la prolifération du crime dans la région à cause du cannabis dont le plus grand producteur au monde n'est autre que le Maroc. Le retrait de confiance marocain à l'égard de l'envoyé spécial des Nations unies Christopher Ross, est qualifié par le président sahraoui de «rébellion contre le droit et la légalité internationale». «Il ne fait pas de doute que ce comportement irresponsable dénote du mépris du Maroc à l'encontre de la communauté internationale allant jusqu'à déclarer la guerre aux efforts louables et continus pour la décolonisation de la dernière colonie en Afrique, ce qui requiert une réaction ferme et urgente de la communauté internationale» indique le chef de l'Etat sahraoui qui appelle à un «rôle européen effectif» conforme aux principes fondateurs de l'Union européenne. La reconnaissance de la République sahraouie, qui incarne la volonté et le choix du peuple sahraoui libre, constitue un pas concret et une réponse à l'intransigeance du gouvernement marocain, estime M. Abdelaziz qui plaide à la mise en place d'un mécanisme international permettant à la MINURSO de s'acquitter de sa mission principale qui est l'organisation d'un referendum d'autodétermination. UN AUTRE CAMOUFLET POUR LE MAROC Le royaume chérifien vient d'essuyer un autre revers. En effet, le comité de l'ONU qui s'est réuni vendredi dernier et chargé d'étudier la situation relative à l'application de la déclaration onusienne sur l'octroi de l'indépendance a examiné les questions des seize territoires non décolonisés dont le Sahara occidental. Le représentant de l'Afrique du Sud, Maniemagen Govender, a tenu à rappeler à cet effet que le département des Affaires juridiques de l'ONU avait appuyé la demande du peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. Govender a exhorté le Conseil de sécurité à soutenir le processus politique entre le Front Polisario et le Maroc en s'assurant que le mandat de la mission de l'Onu pour l'organisation d'un referendum au Sahara Occidental (MINURSO) soit axé sur trois priorités. Il s'agit de permettre à la Minurso, d'agir en tant qu'instrument de stabilité et de mise en œuvre d'un referendum ainsi que de fournir des informations indépendantes au secrétariat de l'ONU, au Conseil de sécurité et à la communauté internationale. «Nous sommes devant une violation grave des attributions de l'ONU» s'est, par ailleurs, élevée la représentante de l'Equateur, Mme Jenny Lalama Fernandez qui rappelle à son tour que le rapport du Conseil de sécurité du mois d'avril dernier a mis en évidence «les restrictions imposées par le Maroc à la Minurso laquelle n'a aucune liberté de circulation ni accès direct aux populations ou aux organisations locales de défense des droits de l'Homme».