La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, a lancé vendredi une mise en garde contre le cycle d'attaques et de représailles violentes qui risquent de faire plonger la République centrafricaine dans une situation ''incontrôlable''. Des milices d'autodéfense, connues sous le nom d'''anti-Balaka'', ont récemment attaqué et occupé Bouar, près du Cameroun voisin, déclenchant des affrontements avec les forces issues de l'ex-Séléka, qui ont fait au moins 20 morts parmi les civils. ''Je suis profondément choquée par les meurtres et violations des droits de l'homme perpétrés en République centrafricaine'', a déclaré Mme Pillay dans un communiqué, ajoutant que ces incidents violents ont exacerbé les tensions entre les communautés et engendré des divisions confessionnelles qui sont susceptibles de ''déstabiliser davantage le pays''. A ce propos, elle a souligné que les diverses communautés ethniques et religieuses de la RCA cohabitent depuis des décennies, tandis que cette escalade de violences et de haine doit être stoppée avant de devenir ''incontrôlable''. Mme Pillay a déclaré que les rapports récents faisant état d'un massacre, principalement de femmes et d'enfants, dans un village près de Bouar, reflétaient le niveau de violence qui prévaut actuellement en RCA. En conséquence, elle a exhorté les autorités à ouvrir immédiatement une enquête transparente et indépendante pour vérifier ces informations. Des combats et violations des droits de l'homme ont également été observés dans d'autres parties du pays. A Bossangoa, une ville également située dans l'ouest du pays, les affrontements entre les deux groupes ont fait un nombre indéterminé de victimes depuis le mois de septembre et provoqué des déplacements de population à grande échelle. Une équipe onusienne des droits de l'homme s'est récemment rendue sur place, où elle a reçu des informations faisant état de violations généralisées des droits de l'homme perpétrées par les deux parties, notamment des exécutions sommaires, des violences sexuelles ainsi que des cas d'arrestations et de détentions arbitraires. Selon elle, si aucune action immédiate n'est entreprise, tant par les autorités que par la communauté internationale, il existe un risque réel de voir la situation dégénérer rapidement et inexorablement en un conflit ouvert, avec des répercussions terribles sur la population centrafricaine et sur le reste de la région. De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu vendredi que 1,1 million de Centrafricains, soit près de 30% de la population vivant en dehors de la capitale Bangui, ne mangent pas à leur faim ou dépendent d'une aide alimentaire pour survivre. Une enquête a même averti qu'il n'y aurait pas assez de nourriture dans le pays pour couvrir les besoins des populations entre janvier et février 2014.