L'ONG internationale Reporters Sans Frontières (RSF) a demandé jeudi à ce que la prochaine rencontre entre le Roi du Maroc Mohamed VI et le président américain Barack Obama aborde la situation "préoccupante" de la liberté de l'information au Maroc. "Lors de cette visite, les deux chefs d'Etat devraient notamment discuter de la lutte contre le terrorisme et du soutien aux transitions démocratiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. RSF demande à ce que soit abordée à cette occasion la situation préoccupante de la liberté de l'information au Maroc, et notamment le cas du journaliste marocain Ali Anouzla, toujours poursuivi dans le cadre de la loi anti-terroriste", a indiqué RSF sur son site Internet. Pour elle, l'affaire Anouzla est "significative des mesures liberticides qui sont prises au nom de la lutte contre le terrorisme". "Nous sommes inquiets de l'amalgame réalisé par les autorités marocaines entre travail journalistique et incitation à l'exécution d'actes terroristes", a affirmé l'ONG, signalant que les poursuites judiciaires dont fait toujours l'objet Ali Anouzla constituent un "réel danger pour la liberté de l'information dans le pays" et demandant l'abandon des charges qui pèsent contre le journaliste. Ali Anouzla, directeur de la version arabophone du site d'information Lakome, a été arrêté le 17 septembre 2013 à Rabat pour avoir publié un lien vers un article du quotidien espagnol El Pais. Cet article renvoyait lui-même vers une vidéo attribuée au groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique. Libéré le 25 octobre après avoir passé plus de cinq semaines en "détention préventive", Ali Anouzla reste cependant inculpé, entre autres, d'"assistance matérielle" et "apologie du terrorisme", et encourt 10 à 30 de réclusion criminelle. La prochaine audience du journaliste devant le juge d'instruction est prévue pour le 23 décembre prochain. Elle devrait déterminer si le journaliste sera jugé selon la loi anti-terroriste ou le code de la presse. RSF avait déjà attiré l'attention du Secrétaire d'Etat américain, John Kerry, sur la situation de la liberté de l'information au Maroc dans une lettre datée du 6 novembre 2013, à l'occasion de sa visite annoncée à Rabat. "Cette visite ayant été annulée, il est essentiel que le président américain évoque avec le Roi du Maroc les réformes nécessaires pour garantir la liberté de l'information, qui constitue l'un des fondements d'un système démocratique", a estimé encore l'ONG.