La situation d'El-Qods, ville millénaire au caractère universel qui subit l'"impact désastreux" de la politique de judaïsation et de colonisation israélienne, menaçant son identité et son intégrité historiques, a soulevé l'inquiétude des membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) réunis depuis mardi à Conakry. Signe de cette préoccupation, l'OCI a décidé d'inscrire au menu de ses travaux une séance consacrée spécialement à la Ville Sainte. Des membres de l'organisation s'étaient déjà plaints lundi à Conakry de la léthargie du Comité El-Qods face aux atteintes d'Israël à l'identité et à l'intégrité de la Ville Sainte. Le Comité El-Qods, présidé par le Maroc, ne s'est pas réuni depuis 2002 en dépit des appels lancés à cet effet. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait souhaité, en 2012, qu'il soit réactivé afin de tenir une réunion d'urgence pour contrecarrer cette politique de judaïsation de la ville, troisième lieu saint de l'Islam. L'esplanade des mosquées est de plus en plus menacée par les israéliens. Son accès se fait sous le contrôle permanent de l'armée israélienne. Rien qu'en 2011, une centaine d'attaques contre ce lieu de culte musulman ont été enregistrées. L'intégrité du lieu site est de plus en plus menacée avec la poursuite des fouilles archéologiques et le creusement de tunnels, menaçant les édifices musulmans. Israël mène une politique du fait accompli Depuis 1967, la politique israélienne menée à El-Qods a été une politique du fait accompli destinée à changer le rapport démographique dans la ville et à la judaïser, afin que la souveraineté israélienne ne puisse plus y être remise en question. Une des premières mesures prises par le gouvernement israélien pour mettre en oeuvre sa politique de phagocytage des terres palestiniennes a été de repousser les limites de la municipalité, particulièrement à l'Est, tout en colonisant l'espace annexé, l'objectif étant d'englober le plus de terres possibles avec le moins d'habitants palestiniens. L'expansion géographique de la municipalité a eu pour conséquence d'ôter à la Cisjordanie au moins 28% de son territoire. De grands projets de construction de logements de colonisation ont été initiés, dénoncés par les Palestiniens et la communauté internationale qui les considère illégaux. L'Algérie pour une meilleure coordination entre membres de l'OCI L'Algérie a appelé, mardi, lors de la réunion de Conakry, les pays membres de l'OCI à une meilleure coordination pour "enrayer l'impact désastreux de la politique d'occupation israélienne sur la ville sainte et les habitants palestiniens". M. Madjid Bouguerra, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a souligné à cette occasion que "l'importance d'un examen régulier de cette question primordiale pour l'OCI (...) contribue à maintenir vivace notre engagement collectif d'œuvrer à la préservation de la ville d'El-Qods et de ses habitants des affres de la politique d'agression et de judaïsation de l'occupant israélien". Pour le diplomate algérien, "nul ne peut tolérer la situation inacceptable découlant de mesures programmées destinées à effacer le patrimoine culturel palestinien qu'attestent les atteintes permanentes contre la vocation de la Mosquée Al-Aqsa, ainsi que les exactions, expropriations et expulsions exercées contre la population palestinienne". A ce titre, l'Algérie a proposé des actions concrètes visant "l'application effective du plan stratégique de développement d'El-Qods et un financement hors contributions volontaires qui pourrait être prévu sur la base des quotes-parts des Etats membres au budget de l'OCI". Campagne de sensibilisation L'Algérie a proposé également "le lancement d'une campagne de sensibilisation en direction de l'opinion publique internationale, des gouvernements occidentaux et des ONG, sur la politique de judaïsation de la Ville sainte, préjudiciable à son patrimoine cultuel historique, ainsi qu'aux droits de ses habitants palestiniens". Cette campagne "mettra également en exergue la contradiction flagrante de la politique poursuivie par l'occupant israélien avec la solution des deux Etats, appuyée par la communauté internationale, où El Qods-Est est prévue comme capitale du futur Etat palestinien". L'Algérie a aussi suggéré la désignation d'une délégation ministérielle de l'OCI, pour se rendre auprès des principaux pays partenaires de l'UE, de la Commission à Bruxelles, aux Etats-Unis et auprès de l'ONU, notamment l'UNESCO, "pour obtenir un engagement international destiné à mettre fin aux pratiques israéliennes contre la ville sainte et ses habitants".