Le gouvernement de l'Autorité palestinienne a tenu sa réunion hebdomadaire à Hébron. Objectif : protester contre la décision d'Israël d'inscrire à son patrimoine deux lieux saints de Cisjordanie occupée. Cette décision a été prise pour signifier que le gouvernement «se tient totalement derrière le peuple palestinien contre le plan israélien de judaïsation des Lieux saints musulmans et chrétiens», a déclaré le cabinet du Premier ministre Salam Fayyadh. El Khalil a été la semaine dernière le théâtre d'affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats d'occupation, intervenus après l'annonce par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de son intention d'ajouter les mosquées du prophète Ibrahim El Khalil et de Bilel Ben Rabeh dans un prétendu patrimoine israélien. La décision provocatrice de Netanyahu a été condamnée par la communauté internationale, y compris les Etats-Unis alliés d'Israël. Le mouvement Hamas a également dénoncé les mesures israéliennes et a voulu tenir une réunion spéciale à Ramallah des parlementaires à propos d'El Khalil, mais il en a été empêché par les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne dominée par le mouvement Fatah. Le Hamas est peu présent en Cisjordanie depuis la crise inter-palestinienne de 2007. Plus de 160 000 Palestiniens vivent à El Khalil, l'une des plus grandes villes palestiniennes de Cisjordanie. La ville vit sous tension permanente en raison de la présence ostentatoire de quelque 600 colons installés au cœur de la cité, tandis que 6 500 autres habitent l'implantation de Kyriat Arba située dans la périphérie. La réunion du gouvernement palestinien intervient au lendemain de heurts violents à El Qods autour de l'esplanade des Mosquées entre la police israélienne et des dizaines de Palestiniens. Ces affrontements ont éclaté à la suite d'une incursion de juifs extrémistes sur l'esplanade au cœur de la Vieille Ville. En réaction, le Hamas a appelé les pays arabes et musulmans qui ont des relations commerciales, économiques ou politiques avec Israël à rompre tous les contacts avec ce dernier en signe de protestation. Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a affirmé que «la judaïsation des lieux sacrés constitue une violation grave des lois internationales». Le porte-parole a, en outre, averti que ces nouvelles agressions israéliennes notamment contre la mosquée d'El Aqsa à El Qods occupée pourrait provoquer une nouvelle Intifadha du peuple palestinien dans toute la région. Un groupe d'extrémistes juifs et de colons avait menacé de pénétrer dans ce lieu sacré, à l'occasion d'une fête juive. Ces agressions viennent s'ajouter au plan machiavélique du Premier ministre israélien. Ce plan a provoqué la colère des Palestiniens qui ont appelé la communauté internationale, dont les Etats-Unis, à empêcher Israël de poursuivre sa politique de judaïsation des Lieux saints musulmans. Quelques jours seulement après la décision dangereuse du gouvernement Netanyahu de s'approprier la mosquée d'Ibrahim El Khalil et celle de Bilal Ben Rabah, un groupe d'intégristes et de colons juifs a tenté de pénétrer dans la mosquée d'El Aqsa. Des heurts ont éclaté après l'intrusion sur l'esplanade des Mosquées, où tous les accès menant à la ville sainte ont été bouclés. Lors des affrontements, des policiers israéliens ont tiré sur les fidèles palestiniens. Ces agressions interviennent alors que les autorités d'occupation israéliennes ont approuvé la construction de 600 nouveaux logements dans le nord d'El Qods au mépris de toutes les conventions internationales. Ces graves agissements israéliens ont été dénoncés par l'Autorité palestinienne, par la voix de son principal négociateur Saeb Arekat qui a condamné les tirs israéliens contre les fidèles palestiniens, appelant les Etats-Unis à intervenir d'urgence. Même ton adopté par le porte-parole de l'Autorité palestinienne, Nabil Abou Roudeina, qui a indiqué que la ville d'El Qods était «une ligne rouge qu'il ne faut pas dépasser». Pour Namar Hamad, conseiller du président palestinien, ces derniers événements témoignent de la volonté d'Israël d'«allumer les mèches de la guerre» dans la région. Les agressions visant les Lieux saints ainsi que l'expansion de la colonisation ont également suscité l'indignation générale. La Ligue arabe a indiqué que «l'acte commis par Israël est contraire à la loi» et qu'il ne serait jamais accepté. Ces développements, selon la Ligue arabe, seront examinés lors de la réunion de la commission de l'initiative arabe de paix et des ministres arabes des Affaires étrangères. Les Emirats arabes unis (EAU) ont appelé à l'intervention de la communauté internationale pour «protéger l'identité culturelle des Lieux saints musulmans et chrétiens à El Qods et préserver ces lieux». Le gouvernement émirati a condamné la profanation par Israël des Lieux saints musulmans, tout en faisant part de son «soutien à la résistance des Palestiniens». En Jordanie, le roi Abdallah II a appelé à prendre des actions rapides et concrètes pour protéger les Lieux saints musulmans. Cet appel intervient au lendemain d'une manifestation organisée dans la capitale jordanienne Amman avec la participation de dizaines de pacifistes et de membres des associations professionnelles locales. Les participants ont appelé à prendre des mesures «sérieuses» pour contrer le plan «sioniste» et ont appelé l'Organisation de la conférence islamique (OCI) à prendre des mesures face à ce sinistre projet israélien. Ces derniers événements dans les territoires palestiniens ont provoqué l'inquiétude à l'Unesco. Mais les Palestiniens savent à l'évidence qu'ils sont seuls au monde, l'Etat hébreu jouissant de l'impunité internationale. M. B.