Le peintre algérien Rachid Talbi restitue avec minutie des scènes et des moments vécus dans différents lieux d'Algérie à travers une une quarantaine d'aquarelles et de portraits exposés jusqu'au 31 décembre à la galerie Dar El Kenz (Alger). Inaugurée samedi, l'exposition "Oeuvres récentes" de ce peintre autodidacte, connu pour ses toiles à l'huile inspirées du terroir de l'ouest algérien, propose une méditation sur la fragilité d'instants uniques qu'il saisit grâce à l'aquarelle, une technique réputée difficile dans son exécution car impossible à retoucher une fois le pinceau posé sur le tableau. Avec un réalisme quasi photographique, Rachid Talbi témoigne à coups de pinceau de scènes quotidiennes, (flâneurs dans un marché d'Oran, passantes dans la Casbah d'Alger, cavaliers ou musiciens en tenues d'apparat, etc) en jouant sur les couleurs, les reliefs et les lumières obtenus par un savant équilibre entre la peinture et l'eau qui la dilue. Rachid Talbi parle d'ailleurs de "grande énergie" et d'efforts de concentration nécessaires pour trouver le bon dosage en aquarelle afin, dit-il, d' "immortaliser" ces instants et paysages éphémères, en leur conférant une intensité et une impression de vie grâce au jeu de lumières et de couleurs. Ce peintre qui avoue "ne rien comprendre" à la peinture abstraite, préfère revenir à une "forme de simplicité" en peinture, privilégiant le style figuratif, seul capable, selon lui, de "témoigner de moments précieux et de traditions menacées de disparition". C'est ainsi qu'il propose dans un tableau de grand format, titré "Le marché de Kristel (du nom d'un village côtier à l'est d'Oran)", une vision dynamique et lumineuse, qui joue sur les reflets du ciel sur l'eau, de ce marché couvert de la région natale de l'artiste où les légumes, fraîchement cueillis dans les champs voisins sont lavés dans une fontaine avant d'être vendus. Le peintre propose également une série de portraits au fusain, au crayon ou à l'encre, représentant des membres de sa famille ou des personnes rencontrées lors de ses pérégrinations à Tlemcen. Dans ces portraits d'hommes et de femmes, il saisit des traits particuliers ou des émotions (tristesse, joie, séduction...) à l'exemple du tableau "Homme de Sidi Boumediene" représentant un vieillard rencontré dans la célèbre mosquée du même non à Tlemcen et qui avait marqué l'artiste par "l'innocence" qui émanait de son sourire, dit-il. Né en 1967 au Maroc, Rachid Talbi est biologiste de formation. Il compte à son actif plusieurs expositions individuelles et collective en Algérie, en Jordanie ou encore en France. Plusieurs de ses tableaux ornent l'intérieur de bâtiments officiels (APN, Sénat) ou encore le salon d'honneur de l'aéroport d'Alger .