Maurice Audin, jeune mathématicien enlevé et torturé en 1957 par les parachutistes français à Alger, a été bel et bien assassiné par la soldatesque coloniale, a révélé le général et tortionnaire Paul Aussaress, dans un témoignage posthume rendu public jeudi. Invité d'une chaîne publique française, le journaliste Jean-Charles Deniau a présenté un ouvrage "La Vérité sur la Mort de Maurice Audin" (Editions des Equateurs) dans lequel il fait écouter un témoignage du général de sinistre mémoire, recueilli quelques semaines avant sa mort, dans lequel il affirme que Maurice Audin a été "poignardé en plein coeur par un membre de l'escadron de la mort qui opérait, en 1957, à Alger, sous les ordres du général Massu". Cette méthode barbare d'assassinat a été délibérément choisie pour faire accroire que ce sont des "Arabes" qui ont commis le crime, a ajouté le général tortionnaire, décédé en décembre dernier. Ces révélations confortent l'hypothèse avancée par la journaliste Nathalie Funès qui, dans une enquête publiée en mars 2002 par le Nouvel Observateur, révélait l'existence d'un document inédit, conservé dans les archives de la Hoover Institution, à l'Université de Stanford, en Californie. Il s'agit d'un manuscrit du colonel Godard, ancien commandant de la zone Alger-Sahel, qui contredit la thèse officielle selon laquelle Maurice Audin se serait évadé lors d'un transfert. Il confirme que le militant nationaliste a été tué par les militaires qui le détenaient et mentionne le nom de celui qui l'aurait assassiné. Les révélations du journaliste Deniau viennent lever le voile sur une énième "inconnue" de la guerre de libération nationale. A ce jour, seule la thèse de la disparition de Maurice Audin est reconnue officiellement en France où historiens et mêmes proches du défunt évoquent désormais, sans rougir, un autre "crime d'Etat".