Le vieil homme a plus de 80 ans aujourd'hui. Il pensait sans doute avoir été oublié. Son nom figure noir sur blanc dans un document, écrit de la main du colonel Yves Godard, dont le Nouvel Observateur révèle aujourd'hui l'existence et qui sera publié d'ici quelques jours dans le Camp de Lodi, aux éditions Stock (de Nathalie-Funès, à paraître le 14 mars 2012). Godard, l'ancien commandant de la zone Alger-Sahel, l'un des plus hauts gradés de l'époque, aujourd'hui décédé, le désigne comme “l'agent d'exécution” de Maurice Audin, jeune professeur de mathématiques à la faculté d'Alger, arrêté par les parachutistes le 11 juin 1957, conduit au centre d'interrogatoire d'El-Biar, sur les hauteurs d'Alger, avant de disparaître à tout jamais. Ce texte inédit, conservé avec les archives de Godard, à l'université Stanford, en Californie, est le premier document signé d'un officier de l'armée française confirmant que le mathématicien algérois a bien été exécuté par un militaire. Et qu'il ne s'est pas évadé, comme le veut la thèse officielle, encore soutenue de nos jours.