Le Congrès général national (CGN, parlement) libyen a décrété samedi l'état d'urgence après un regain des violences dans le sud du pays où l'armée a repris le contrôle d'une base militaire près de la ville de Sabha qui était aux mains d'insurgés. Le CGN a pris cette décision au cours d'une séance extraordinaire consacrée à la situation à Sebha, dans le sud, théâtre d'affrontements tribaux depuis plusieurs jours. Des affrontements ont repris samedi à Sebha lorsqu' un groupe armé a pris le contrôle d'une base militaire, après plusieurs jours d'une relative accalmie, selon le gouvernement. La semaine dernière, des combats entre des tribus locales y avaient fait une trentaine de morts et une soixantaine de blessés. Dans ce contexte, le Conseil des dignitaires libyens pour la réconciliation avait souligné, sur fond de pression de la population du Sud, la nécessité de créer une commission d'enquête. Le président de ce conseil Mohamed el Moubachir avait aussi averti que la "situation était toujours tendue" dans la région, appelant le gouvernement de transition à "assumer ses responsabilités" face à la dégradation de la situation sécuritaire. Les forces libyennes reprennent le contrôle d'une base près de Sabha Les forces libyennes ont repris samedi le contrôle d'une base militaire près de Sabha qui était aux mains d'hommes armés, suite à un raid aérien dans les régions agitées. Le porte-parole du ministère de la Défense, Abdul-Raziq al-Shabahi a déclaré que l'armée, soutenue par un raid aérien, a repris le contrôle de la base Tamahind, située à proximité de Sabha, la plus grande ville du sud du pays. Sabha, à quelque 770 km au sud de Tripoli, la capitale, est depuis longtemps le théâtre d'affrontements entre milices et tribus rivales. Plus tôt dans la journée, les combats s'étaient intensifiés après l'attaque de la base par un groupe d'hommes armés. Le Congrès général national avait alors placé l'armée en état d'alerte au vu de la situation de sécurité dans le pays, selon l'agence de presse LANA. Le chef du gouvernement libyen, Ali Zeidan a assuré que la situation était "sous contrôle" à Sebha, tout en annonçant l'envoi d'ex-rebelles en renfort dans cette ville. L'annonce de M. Zaiden a été faite alors qu'un flot de rumeurs circulait sur l'implication de partisans de l'ancien régime dans des violences. Des sources locales affirment que le groupe armé était composé de partisans de l'ancien régime de Maamar El Gueddafi, qui tentent de profiter de la sécurité précaire dans la ville. Ces rumeurs sont également alimentées par des chaînes de télévision pro-Gueddafi, diffusant depuis l'étranger. Ali Zeidan a mis en garde contre la propagation de ces rumeurs qui visent, a-t-il indiqué, "à provoquer une crise dans le pays". Opération de formation de militaires libyens Une vaste opération de formation de militaires libyens notamment par l'armée italienne, née d'une initiative du G8 (groupe des huit pays les plus industrialisés) pour la reconstruction des forces armées et de sécurité libyennes, après la chute du régime d'El-Gueddafi en 2011. L'objectif est de "soutenir la Libye libre en créant des forces armées efficaces qui soient une référence pour la démocratie et la sécurité", la condition pour une "véritable paix", explique le général Claudio Graziano, chef d'état-major de l'armée italienne. La Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la Turquie participent également à cette initiative qui permettra de former à terme 15.000 militaires, mais l'Italie, ex-puissance coloniale de la Libye, est "en première ligne", souligne-t-il. En novembre dernier, 500 soldats ont été sélectionnés en Libye par les autorités libyennes avec une équipe d'experts militaires italiens. A terme, 2.000 militaires venant des trois régions du pays -Tripolitaine, Cyrénaïque et Fezzan- encore en proie à une forte insécurité, seront formés par Rome. Depuis la chute de l'ancien régime en octobre 2011, les autorités de transition peinent à rétablir l'ordre et la sécurité dans un pays en proie à l'anarchie et à des violences meurtrières.