L'opposition ukrainienne a maintenu la pression sur le pouvoir à Kiev en rejetant dimanche les propositions faites par le président Viktor Ianoukovitch à ses leaders de diriger le gouvernement en vue de tenter de régler une crise qui dure depuis deux mois. La situation demeurait tendue, quelque 2.000 manifestants ont lancé dans la nuit de samedi à dimanche un assaut contre un bâtiment du centre de Kiev, proche de la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation, et réussi à en déloger les membres des forces de sécurité. Quelque 200 membres des forces de police ont dû finalement évacuer par une porte latérale le centre d'exposition en partie vide utilisé par les forces de l'ordre depuis le début de la crise comme une base, a annoncé le ministère de l'intérieur cité par les médias. Selon le ministère ukrainien de l'Intérieur, 218 policiers ont été blessés depuis le 19 janvier, tandis que plus de 70 personnes ont été interpellées à Kiev pour participation aux troubles de masse. Deux personnes ont trouvé la mort dans les affrontements, selon le parquet ukrainien. L'opposition parle d'un bilan des victimes plus élevé. Le président a proposé à Arséni Iatséniouk, chef du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, le poste de Premier ministre et l'ex-boxeur Vitali Klitschko celui de vice-Premier ministre chargé des Affaires humanitaires. Arséni Iatséniouk, qui s'est vu offrir par le président d'être chef du gouvernement, s'est dit "prêt à prendre ses responsabilités", mais a ajouté ne "pas croire un mot" de ce qu'affirme le pouvoir. "La lutte continue", a lancé l'opposant nationaliste Oleg Tiagnybok devant des dizaines de milliers de personnes réunies place de l'Indépendance. "Nous sommes déterminés et nous ne reculons pas", a affirmé de son côté Vitali Klitschko. "Nous n'allons pas bouger", a martelé le leader du parti Baktivchtchina. Les trois opposants ont en outre rappelé qu'ils exigeaient l'abolition des lois répressives adoptées le 16 novembre prévoyant des peines allant jusqu'à la prison ferme pour les manifestants, et qui ont entraîné une nette radicalisation du mouvement. Le chef de l'Etat a aussi accepté la création d'un groupe de travail chargé de "modifier la législation sur les référendums et peut-être, via ce mécanisme, de proposer des amendements à la Constitution", pour que des prérogatives accrues soient octroyées au gouvernement. L'opposition ukrainienne réclame la convocation d'élections anticipées pour mettre fin à la contestation, elle est mobilisée dans le centre de Kiev, à la suite du refus du président de signer un accord avec l'Union européenne, y préférant un rapprochement avec la Russie, et les manifestants qui occupent les lieux depuis deux mois ont durci leur mouvement cette semaine après l'adoption de lois controversées. Après deux mois de crise, cette ouverture surprise de Viktor Ianoukovitch est intervenue à l'issue d'une semaine marquée par des violences à Kiev et par un renforcement de la contestation dans les régions. L'opposition est mobilisée depuis le refus de Viktor Ianoukovitch fin novembre de signer un accord avec l'Union européenne, lui préférant un rapprochement avec la Russie. L'Union européenne suit de près la situation L'Union européenne a indiqué qu'elle attendait des autorités ukrainiennes des "pas concrets" pour "stopper la spirale de violence et d'intimidation" et ramener le calme dans le pays. Le président de la Commission européenne M. Barroso a de son côté appelé "toutes les parties à la retenue" et à "prendre les mesures qui contribueront à faire baisser la tension". L'UE était prête l'an dernier à signer un accord d'association avec l'Ukraine mais Kiev y a renoncé en raison de fortes pressions russes. Un sommet UE-Russie est prévu à Bruxelles le 28 janvier et l'Ukraine devrait figurer au menu de cette réunion.