L'accord d'association entre l'Union européenne et l'Ukraine ne sera pas signé lors du sommet de Vilnius la semaine prochaine, a déclaré, avant-hier, l'émissaire européen Aleksander Kwasniewski à l'agence polonaise PAP à Kiev. L'accord ne sera pas signé à Vilnius notre mission s'achève, a déclaré l'ex-président polonais, en mission à Kiev avec l'ancien chef du Parlement européen Pat Cox. L'Ukraine a renoncé jeudi à l'accord d'association proposé par l'UE, à une semaine de sa signature prévue et longuement attendue, afin de relancer ses relations économiques avec la Russie. C'est en fait une demande de pause dans les négociations, pour mettre en ordre les questions économiques en Ukraine, a estimé M. Kwasniewski. Nous présenterons la semaine prochaine notre rapport au Parlement européen. Notre mission s'achève. Il est dommage qu'elle s'achève sans finale sous forme de signature d'un accord, a-t-il ajouté. C'est une décision de l'Ukraine et non celle de l'Europe, a souligné l'ancien président polonais. S'exprimant un peu plus tard à la télévision publique polonaise TVP, M. Kwasniewski a justifié la décision de Kiev par une pression très brutale de Moscou, aussi bien médiatique qu'économique, conduisant pratiquement à l'arrêt des exportations ukrainienne vers la Russie, alors que les caisses de l'Etat ukrainien sont vides. C'est une grande bataille géopolitique, une bataille pour l'avenir du continent européen, a-t-il affirmé. J'espère que l'accord (de l'UE avec Kiev) n'est pas renvoyé aux calendes grecques. Mais les deux prochaines années seront très difficiles pour négocier, compte tenu des élections européennes l'année prochaine, puis des élections en Ukraine, a-t-il ajouté.
Vilnius hostile à la participation de Moscou aux négociations La Lituanie, présidente de l'Union européenne, ne "voit aucune possibilité" d'associer la Russie aux négociations sur la conclusion d'un accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, a déclaré hier à ;'agence de presse russe (RIA Novosti) un diplomate lituanien de haut rang qui a requis l'anonymat. "Nous ne voyons aucune possibilité de lancer des négociations dans ce format. Il s'agit d'un format sans précédent, l'association avec l'Ukraine étant un processus bilatéral", a affirmé l'interlocuteur de l'agence. Le premier ministre ukrainien Nikolaï Azarov a annoncé hier que ces négociations pourraient avoir lieu avant le sommet de Vilnius. "Nous avons proposé de mener des négociations tripartites avec la participation de l'Union européenne et de la Russie. La Fédération de Russie a accepté de tenir ces négociations avant la signature de l'accord de libre-échange avec l'UE", a déclaré M. Azarov devant les parlementaires ukrainiens.
L'opposition exige la destitution du président Un dirigeant de l'opposition en Ukraine, Arseni Iatseniouk, a accusé de haute trahison le président ukrainien Viktor Ianoukovitch et exigé sa destitution après l'annonce de la suspension de la préparation de l'accord d'association avec l'Union européenne. Si Ianoukovitch refuse de signer l'accord, c'est non seulement de la haute trahison, mais aussi une raison de demander sa destitution et la démission du gouvernement, a déclaré M. Iatseniouk, allié de l'ex-Premier ministre emprisonnée Ioulia Timochenko. Il a qualifié devant le Parlement d'illégale et anticonstitutionnelle la décision tout à fait inattendue du Premier ministre ukrainien Mykola Azarov qui a suspendu jeudi par décret la préparation de l'accord d'association avec l'Union européenne dont la signature était à l'ordre du jour d'un sommet à Vilnius les 28-29 novembre. Un autre opposant, Vitali Kovaltchouk du parti Oudar du boxeur Vitali Klitschko, a pour sa part estimé que M. Azarov avait commis un crime. Nous demandons de l'entendre immédiatement sur les raisons pour lesquelles il a violé la loi sur les bases de la politique intérieure et étrangère de l'Ukraine, a-t-il déclaré.
Déception de Bruxelles L'Union européenne est déçue par la décision de Kiev de suspendre la préparation de l'accord d'association avec Bruxelles, a déclaré jeudi soir la Haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères Catherine Ashton. "C'est une déception, pas seulement pour l'UE mais, nous le pensons, pour le peuple ukrainien", lit-on dans un communiqué diffusé par le service de presse de Mme Ashton. Le gouvernement ukrainien a suspendu jeudi la préparation de l'accord d'association avec l'Union européenne, en le motivant par la nécessité de promouvoir ses relations économiques avec la Russie et les autres pays membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI). "Nous pensons que l'avenir de l'Ukraine réside dans une relation forte avec l'UE et nous restons fermement engagés auprès du peuple ukrainien qui aurait été le principal bénéficiaire de l'accord grâce au surcroît de liberté et de prospérité qu'aurait apporté l'accord", a estimé la chef de la diplomatie européenne. D'après une source diplomatique à Bruxelles contactée par RIA Novosti, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne pourraient se réunir d'urgence pour discuter de la décision de Kiev de suspendre la préparation de l'accord d'association avec l'UE.
Protestations en Ukraine Des actions de protestation ont été menées dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs villes ukrainiennes suite à la décision de Kiev de suspendre la préparation de l'accord d'association avec l'UE, rapportent les médias locaux. Le gouvernement ukrainien a suspendu jeudi 21 novembre les négociations en vue d'un accord d'association et de libre-échange avec l'Union européenne, en le motivant par la nécessité de promouvoir ses relations économiques avec la Russie et les autres pays membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Cette démarche a provoqué l'indignation de l'opposition ukrainienne, qui a exigé la destitution du président Viktor Ianoukovitch et la démission du gouvernement en place dirigé par Nikolaï Azarov. Jeudi soir, entre 1 000 et 2 000 personnes se sont rassemblées dans le centre de Kiev afin de dénoncer la décision du gouvernement. Des manifestations de protestation se sont également déroulées dans les villes d'Oujgorod, Donetsk, Ivano-Frankovsk, Loutsk et Kharkov, ainsi qu'à Lvov.